Sa réputation et ses exceptionnels résultats ont permis à l'honorable Ti Jen-Tsie, juge enquêteur, d'être nommé directeur de la police de Chang-an. Quelle promotion ! La capitale ! Pourtant les locaux affectés à son service sont délabrés, et son personnel plus inquiétant qu'avenant. L'ancien chef de la police paraissait être un homme aux méthodes peu orthodoxes... Et c'est bien peu de le penser... La particularité de sa méthode : payer les malfrats pour qu'ils quittent la ville sans être inquiétés, l'a condamné à mort. Il sera pendu sur la place publique.
Il aurait été pendu, si la plus incroyable des évasions n'avait pas été mise en place. Et l'honorable juge Ti se voit confier la mission la plus importante de sa vie. Il doit retrouver l'infâme Nian Changbao. De son succès ou de son échec dépendra sa vie, et celle des siens. Il est condamné à réussir.
Une nouvelle enquête du Juge Ti et à nouveau un moment de plaisir dans la lecture. Comme pour les ouvrages précédents, l'immersion dans la culture chinoise est brutale et totale. Cela peut être déstabilisant lors d'une première lecture, mais on en prend vite l'habitude. Cette fois, il est malaisé de situer l'enquête dans le temps et dans l'espace. Le petit récapitulatif, biographie du juge, en fin d'ouvrage nous aide à savoir ou nous en sommes dans la chronologie des ces enquêtes.
Et puis, comme à son habitude, passées les quelques pages d'installation de son histoire, Frédéric Lenormand explose. Chaque page est une nouvelle aventure, chaque ligne fait avancer le fils de l'histoire. Si certaines formules peuvent être taxées ou "toutes faites" ou de téléphonées, elles ont au moins le mérite d'être adaptées à l'esprit de l'ouvrage et placées à bon escient.
Encore une fois, rien ne dénote. La réalité de cette histoire en Chine médiévale ne laisse pas l'ombre d'un doute. Les personnages sont ainsi que l'ont pourrait s'attendre à les trouver dans n'importe quelle légende chinoise. Cette légère superficialité n'a toutefois pas empêché l'auteur de conférer à chacun de ses personnage une personnalité propre et profonde. Notons par exemple la première épouse, égale à elle-même et à ce que l'on a pu en découvrir dans les précédent romans, bien qu'en retrait ici, est un bonheur à réapprendre.
Ici on pourrait tout d'abord reprocher à l'auteur de s'égarer un peu et de multiplier les histoires et sous-histoires, complexifiant la trame de base. Et pourtant, c'est aussi cette accumulation qui sert particulièrement bien cet opus. C'est ce qui nous permet de mieux saisir l'ambiance et nous mène sur la voie du raisonnement du juge.
Si vous avez apprécié la lecture des précédents opus, vous ne serez pas déçus, n'hésitez pas. Si vous ne connaissez pas cette série, ne vous laissez pas rebuter par les premières pages. Vous serez payés de votre persévérance.
