Lorsqu'il a découvert la petite annonce proposant à la vente des centaines de bobines de films anciens, Ludovic Sénéchal n'a pas réfléchi longtemps. Il a sauté dans sa voiture, avalé les kilomètres, fait son choix, signé un chèque bien maigre par rapport à la valeur effective des rouleaux et est rentré chez lui pour une projection privée. Il a décidé de la terminer par ce petit court métrage anonyme découvert par hasard , en priant secrètement pour avoir mis la main sur un chef-d'uvre caché et oublié. Quelques minutes plus tard, il appelle une ancienne connaissance, Lucie Hennebelle, lieutenant de police, à l'aide : Ludovic vient de perdre la vue.
Au même moment, le commissaire Franck Sharko est dépêché sur une nouvelle affaire à la demande de son ami Martin Leclerc, chef de l'Office centrale pour la répression des violences aux personnes. Deux jours plus tôt, cinq corps mutilés ont été découvert enterrés en bord de Seine dans un village normand. Particularité des victimes : on leur a prélevé le cerveau et les yeux, ainsi que les mains et les dents, ces dernières certainement afin d'éviter toute identification.
De prime abord, aucune connexion entre ces deux affaires et pourtant, petit à petit, un lien va s'établir, rapprochant Lucie et Franck pour les entrainer au fin fond de lhorreur absolue.
Franck Thilliez, en réunissant deux de ses personnages phare, signe un thriller efficace, un de ceux qui nous colle des sueurs froides. Les chapitres courts, alternant les deux récits, senchaînent à un rythme soutenu et malgré l'horreur de certaines scènes, on ne peut s'empêcher de tourner les pages afin d'en apprendre davantage. Où tout cela va-t-il nous mener ? Impossible de le deviner à l'avance tant l'auteur brouille les pistes et sème les indices avec parcimonie. Petit à petit, les deux affaires qu'apparemment tout oppose se retrouvent liées et les pièces du puzzle s'imbriquent jusqu'au dénouement final hallucinant. Un voyage au coeur de la manipulation, celle des images et celle de l'homme. J'aurais peut-être juste un bémol sur les relations entre les deux personnages centraux qui, sans vouloir trop en dévoiler, versent légèrement dans le facile et le téléphoné, sans que cela ne serve réellement l'intrigue.
Mais, exception faite de cette petite remarque toute personnelle, Le syndrome [E] est un très bon roman dont la fin nous laisse sans voix et avec une seule envie : se précipiter sur la suite Gataca, car non, il est humainement impossible den rester là.