Nous sommes à San Francisco, au début du XXIème siècle. Un homme de sciences aux idées révolutionnaire meurt après avoir reçu la visite d'une journaliste, accessoirement une de ses anciennes élèves. L'homme a eu des idées brillantes pendant sa carrière, qui régissent maintenant la vie de milliards d'individus sur la planète. Vingt ans plus tard, des personnes ne se connaissant pas, de tous âges, de toutes confessions, sont enlevées au même moment aux quatre coins du globe. On y compte notamment l'espagnole Isabel, qui est la dernière personne veillant sur David, son petit frère, qui tourne assez mal...
Tous ces enlèvements sont l'oeuvre d'une puissante organisation financée par des mécènes. Les prisonniers sont bientôt tous amenés dans un endroit renfermant des cellules appelées blocs. Les personnes enlevées n'ont rien fait de mal, mais à leur insu, elles vont faire l'objet d'une importante expérience scientifique. Ainsi, les scientifiques qui étudient les comportements sont appelés les confidents dans cette expérience, les prisonniers seront les unités, tandis que les trois gardiens triés sur le volet seront appelés les compagnons. Chaque cellule (ou bloc) est individuelle...
Les unités ne peuvent ainsi pas parler entre elles, à l'exception de quelques moments très rares où les compagnons réunissent toutes les unités, dans un processus que les scientifiques appellent la mise en réseau. Immédiatement, on s'aperçoit que les différentes unités ne réagissent pas tous de la même manière à cet enfermement forcé : cela va de la violence en ce qui concerne Isabel, au renfermement total sur soi en ce qui concerne la femme aux multiples chats à la maison. Toutes les informations sont analysées scrupuleusement, et servent à alimenter les bases de données d'une entité informatique appelée ADAM...
C'est avec un grand plaisir que nous retrouvons le duo Marazano / Ponzio aux commandes d'une nouvelle série. Les deux hommes n'en sont pas à leur coup d'essai dans les scénarios mêlant un scandale et des expériences scientifiques, notamment avec les trois tomes de Genetiks parus chez Futuropolis, ou avec Le complexe du chimpanzé, également un tryptique paru chez Dargaud.
Avec Le protocole Pélican, c'est une série prévue sur quatre tomes qui démarre. D'un point de vue scénario et rythme, le lecteur est immédiatement intrigué et mis dans l'ambiance, un peu à la manière de ce que sait faire Christophe Bec dans une série comme Prométhée ou Carthago. Les changements de lieux sont nombreux (surtout au début du tome), les flashbacks existent également. Nous retrouvons plusieurs personnages dont il est difficile de faire le lien à présent, mais dont on sait très bien que cela va venir... Bref, une excellente atmosphère qui ne manque pas de susciter le plus vif intérêt !
Côté dessins, on retrouve ce trait très réaliste sur les visages, avec ce style presque photographique propre à Ponzio. Les décors des sous-sols de ce qui ressemble à une prison ne sont pas en reste, et les planches dégagent en général une ambiance sombre, qui ne peut que parfaitement coller au scénario de Marazano.
En bref, un tome très mâture du fait des précédentes réalisations de ce très beau duo d'auteurs : un nouveau coup de coeur qui ne fait que renforcer tout le bien que l'on pensait des séries précédemment citées dans cette chronique !
