Nous sommes en 1905, à Kichinev, en Bessarabie roumaine. Un massacre odieux à lieu. Les soldats du tsar Nicolas II ont pour ordre de massacrer tous ceux qui s'opposent à son régime : ceci inclue le massacre des bolchéviques, mais aussi des juifs. Personne n'est épargné, ni même les femmes et les enfants. Deux enfants ont tout de même réussi à trouver une cachette efficace, en la personne de Joseph et d'Eva, une petite fille apeurée que Joseph parvient heureusement à calmer.
Nous faisons un saut dans le temps pour assister quelques années plus tard au mariage de Joseph et Eva, célébré par un rabbin. Puis c'est un Joseph vieillard qui se réveille péniblement en 1965, en hurlant le prénom de sa défunte épouse. Le vieux Joseph est accompagné de Lucie, une autre femme qui l'a aimé apparemment. Joseph est persuadé d'être observé par un homme qui dit être un juge de Melun. Un délire de vieillard ? Peut-être pas tant que cela...
Que s'est-il passé entre ces différentes dates ? C'est ce que nous allons découvrir en étant cette fois projetés en 1947. La seconde guerre mondiale est finie, et Joseph est un homme influent, riche, et aux nombreuses décorations faisant suite à des actes héroïques durant sa vie, notamment pendant la guerre. Toujours est-il que le juge Fayon et des personnes de la DST le recherchent. Apparemment, tout n'est pas si blanc avec Joseph Joanovici qui est soupçonné de haute trahison et de meurtre. Une fouille de son appartement prêté par la mairie est ordonnée, mais elle ne donnera rien...
Car Joseph, on le disait, est un homme influent, qui a des oreilles absolument partout dans cette ville. L'homme semble tout de même décidé à se laisser arrêter, et il semble tout organiser en ce sens, allant même faire ses adieux à Eva et à ses filles absentes, avant de rejoindre Lucie, la secrétaire qu'il a embauchée en 1931, et qu'il nomme désormais Lucie-fer... Tout un programme...
Ce premier tome de Il était une fois en France met en scène un personnage petit et rondouillard, en la personne de Joseph Joanovici. Un physique qu'il n'est pas commun d'avoir lorsqu'on est un héros de bande dessinée, et qui constitue donc la première originalité flagrante de la série. Les flashbacks sont nombreux dans ce tome, et permettent au lecteur d'avoir plusieurs photos à différents moments importants de la vie de Joseph. Celle-ci n'a pas été facile, notamment avec le témoignage du massacre de Kichinev en 1905.
Pour autant, ce tome ne montre pas encore ce qui s'est passé pendant la seconde guerre mondiale... On assiste à l'arrivée de Joseph en France, chez l'oncle d'Eva. Joseph a de l'expertise dans le métal : il sait reconnaître du métal pur ou pas d'un simple coup de dent... Une faculté qui lui permettra d'amasser de l'argent et de devenir actionnaire majoritaire de la boîte de son oncle : exit les mauvais traitement de ce dernier vis-à-vis d'Eva, surtout que maintenant un bébé est né : Joseph et Eva sont parents...
Côté dessins, Sylvain Vallée nous gâte, avec des physiques parfaitement adéquats pour l'ensemble de ses personnages. Les expressions sont parfaitement soignées, les personnages sont charismatiques et parfaitement crédibles. Les décors collent parfaitement avec l'époque, et laissent deviner un important travail de recherches et de documentation de la part du dessinateur.
Un premier tome au scénario complexe et intelligent, qui installe une trame d'un grand intérêt, en posant les bases d'une série qui aura tout pour plaire !
