Nous sommes en 1940, à la Rochelle. Les places sont très chères à bord des bateaux en partance pour l'Amérique. Joseph Joanovici, son frère Marcel et Lucie, la secrétaire de Joseph, sont là et ont payé grassement beaucoup de monde pour pouvoir partir. Eva et les deux petites filles sont là également : tout le monde est sur le départ pour fuir l'enfer de la guerre et des rafles, notamment lorsqu'on est de nationalité juive. Et puis finalement, non !
Sur un coup de tête, Joseph refuse de quitter la France. Eva et lui sont venus se construire dans ce pays il y a déjà quelques années, et il est hors de question pour Joseph de fuir le pays. Après tout, cela fait des années qu'il travaille avec les allemands et que son entreprise fournit le Reich en métal... Il connaît du beau monde (notamment ce Otto avec lequel il traite), et il veut encore avoir confiance en l'avenir. Mais Eva n'est pas du tout du même avis ! Finalement, elle et les petites resteront cachées à Enghien, près de Paris, dans une jolie maison avec vue sur le lac...
Joseph parvient de son côté à faire modifier les papiers de tous : lui-même, son frère Marcel, Eva et les filles... Et également l'intégralité des ouvriers de sa ferraillerie ! Joseph parvient également à reprendre contact avec Otto et à se faire engager aux docks de Saint-Ouen, la plaque tournante de tout le métal français, que Joseph souhaite percer afin de pouvoir continuer à alimenter l'Allemagne en métaux destinés à l'armement...
De quoi s'interroger sur les motivations de Joseph ? Sauf que le malin petit juif parvient à rendre la marchandise de moins bonne qualité en remplaçant une partie de chaque chargement par de la ferraille... De quoi améliorer largement les bénéfices tout en se disant que les bombes allemandes ne seront pas fiables, et pourraient même péter à la gueule des soldats allemands...
Et ce second tome est bien loin de s'en tenir à cela ! Joseph va se faire démasquer, notamment en rencontrant Henri Lafont, le patron de la Gestapo de la rue Lauriston... Une scène qui a d'ailleurs un côté culte, avec toute l'émotion que les auteurs parviennent à faire passer sans la moindre bulle... Fabien Nury poursuit sur sa lancée en se concentrant cette fois sur la seconde guerre mondiale, sur une période allant de 1940 à 1942.
Ainsi, nous assistons dans ce tome aux rafles, notamment celle du Vel d'Hiv. Ainsi, les vrais éléments historiques sont dépeints dans cette série. Joseph Joanovici a lui-même réellement existé. Pourtant, il convient de signaler que la série est tout de même librement inventée autour de ces faits réels. On croise des personnages qui ont réellement existé, comme le patron de la Gestapo de la rue Lauriston, ou encore ce docteur Petiot qui n'a pas son pareil pour découper et faire disparaître les cadavres dans des poêles à bois...
La série met l'accent où ça fait mal : la période de l'Occupation allemande est largement couverte et, même si l'histoire reste une fiction, on se doute qu'une autre large part de l'Histoire y est réelle. Le personnage central de Joanovici est très travaillé, avec des relations mauvaises avec son épouse Eva, et une relation beaucoup plus énigmatique avec Lucie, sa secrétaire. L'homme est tiraillé entre le fait de se sauver lui et toute sa petite famille, et le fait de devoir entrer dans le jeu des SS, afin de s'assurer la tranquillité...
Une série qui continue sur des tambours battants avec ce tome...