Les Chroniques de l'Imaginaire

Le temps des bricoleurs (Les thanatonautes - 1) - Corbeyran, Eric & Taranzano, Pierre

En mars 2025, un grand-père emmène sons petit-fils au Smithsonian Institute pour une visite. Dans la salle des pionniers, ils découvrent quelque chose qui ressemble à un fauteuil de dentiste. Mais qu'est-ce donc ? Le grand-père a des propos étranges, parlant d'une " rampe de lancement vers l'au-delà ". La légende annonce que cela concerne les pionniers de la thanatonautique. Un mot barbare imprononçable pour le jeune garçon. Le grand-père décide alors de lui offrir un reportage en MP12 dans lequel il pourra découvrir l'histoire de Michael Pinson, un des pionniers dont il était question.

Michael Pinson était un enfant tout à fait normal. Quand le boucher de la rue, monsieur Dupont décéda, il n'était pas bien vieux. Donc, tout naturellement, il interrogea sa mère sur la mort. Mais les adultes sont toujours évasifs pour parler de sujets tabous comme la mort. Du coup, le jeune Michael ne compris pas pourquoi il énervait sa mère avec ses questions et, surtout, il ne fut pas satisfait. Plus tard, Michael, lors dans un enterrement, dans un cimetière, entendit ces mots banals, mais lourds de sens pour un enfant en quête de réponses : " ce sont toujours les meilleurs qui s'en vont ". Du coup, cela voulait-il dire que ceux qui étaient présents, Michael inclus, étaient les mauvais ?

C'est sur ce terreau fertile que Raoul Razorbak, un ami qu'il rencontra ce jour-là dans le cimetière, pourra faire germer ses idées loufoques et délirantes sur la mort.

Eric Corbeyran s'attaque à l'adaptation en trois tomes d'un des succès de Bernard Werber. Enfin, succès, c'est un bien grand mot. Parce que, comme l'indique l'auteur dans la préface, c'est l'histoire que les fans préfèrent, mais c'est un livre qui est sorti bien trop tôt, suscitant interrogations et incompréhension. Aujourd'hui, les gens sont peut-être plus près pour lire une telle histoire, surtout que le titre n'est plus un mot imprononçable. La preuve, je le prononce très bien n'ayant pourtant jamais lu le livre. Mais il m'a été chaudement recommandé par plusieurs personnes. En tous cas, je ne sais si le livre est bien adapté dans cette bande dessinée, mais Eric Corbeyran utilise tout son talent pour rendre l'histoire vivante et prenante. Et, bien entendu, elle donne envie de lire l'original. N'est-ce pas un beau cadeau pour l'auteur ?

Ceci est rendu possible par le dessin de Pierre Taranzano. D'un trait réaliste classique il arrive pourtant à donner un soupçon d'originalité dans l'ensemble. Pourtant, on ne peut pas dire que les cadrages soient particulièrement osés. Mais il est certainement le dessinateur qu'il fallait pour cette histoire. Parce que, finalement, pendant beaucoup de temps, nous ne sommes que devant des personnes qui s'interrogent sur la mort comme nous le faisons tous plus ou moins. Bien sûr, les pensées de Raoul vont beaucoup plus loin que les nôtres, mais comme certaines personnes certainement. Donc, nous avons un trait réaliste pour une histoire réaliste… sauf vers la fin où on commence à plonger dans le fantastique… quoi que, qu'en sait-on ?

Ce premier tome est donc une parfaite entrée en matière que signent les auteurs. Il me tarde de découvrir la suite.