Le temps des combats est venu. Dans le Nord, les armées de l'Union sont enlisées dans les affrontements avec les barbares de Bethod. Mais le temps presse, car un nouvel ennemi, l'Empire Gurkhien, s'apprête à assaillir la capitale Adua. La situation est catastrophique : le roi est mourant, les puissants ne songent qu'à renforcer leur pouvoir personnel, et encore est-ce sans compter les machinations fort complexes ourdies par Bayaz, l'énigmatique Premier des Mages, bien plus intéressé par ses buts personnels que par la guerre qui gronde.
Et nos héros dans tout ça ? Ils ne sont pas forcément très bien lotis... Le groupe revenu de l'Ouest a éclaté, c'est désormais chacun pour soi. L'occasion pour chacun de se racheter et de devenir meilleur ? Que nenni. On ne change pas si facilement sa nature profonde, comme les personnages vont le découvrir malgré leurs efforts.
Logen Neuf-Doigts, retourné dans le Nord pour affronter son ancien ami et désormais ennemi Bethod, réalise qu'il n'est pas si étranger à la situation : ce n'est pas pour rien que les peuplades du Nord le craignent et l'appellent "le Sanguinaire" ! Comment, après ça, se dire qu'il pourra échapper à sa propre légende et trouver la paix et la rédemption après ce dernier combat ?
Le capitaine Jezal dan Luthar, qui apparaissait comme un crétin prétentieux jusque là, devient plus humain. Mais sa bonne volonté n'a d'égale que sa lâcheté, et il a tôt fait de se retrouver empêtré jusqu'au cou dans les rets de l'irritant Bayaz.
Pour sa part, l'inquisiteur Glotka ne manque pas de courage, mais il a bien du mal à satisfaire ses différents employeurs aux intérêts divergents, qui tirent sa laisse dans des directions opposés. Et le lecteur, lui, ne peut avoir que des sentiments mitigés sur ce bonhomme peu ragoûtant mais que l'on ne peut s'empêcher de malgré tout trouver un poil sympathique !
Bref, à suivre tous ces gens plus que douteux, ainsi que quelques autres, on ne s'ennuie pas ! Même les personnages que l'on ne pensait plus revoir refont leur apparition et mettent leur grain de sel dans l'histoire. Et si certains atteignent de hautes positions, il ne faut pas oublier que l'on se fait d'autant plus mal en tombant que l'on tombe de haut ! Car Joe Abercrombie n'a aucun scrupule à renvoyer ses personnages à la boue - comme disent les sauvages du Nord - ou en tout cas plus bas que terre. Une belle hécatombe en ces temps difficiles, et bien rares sont ceux qui vont finalement tirer leur épingle du jeu.
Réjouissez-vous, donc, car suivre nos héros dans leurs péripéties ne manque pas de piquant. Sauf si vous n'avez jusque là accroché à aucun des personnages, car vous risquez alors d'être déçu. Ce sont en effet eux qui portent l'histoire. L'univers et sa magie ne sont clairement qu'un décor sans profondeur pour permettre aux acteurs d'évoluer. Pareil pour l'action : il n'en manque certes pas, mais ce troisième tome est pour beaucoup constitué de combats un peu longs qui ne tiennent pas vraiment le lecteur en haleine. Dommage également que la fin n'en finisse plus, s'attachant à suivre chacun des personnages.
La trilogie de la Première Loi est bouclée, avec finalement plus d'originalité qu'il n'y paraissait de prime abord dans le traitement des (anti)héros. L'auteur ne s'est pas relâché pour autant, ayant d'ores et déjà écrit deux one-shots et prévoyant encore quatre livres dans cet univers. Si nous sommes bien sages, nous serons peut-être récompensés par une traduction française...
