997. Hugues Capet, roi des francs, est revenu d'entre les morts, cela fait maintenant onze mois. Une caravane lourdement escortée traverse une forêt quand elle se fait attaquée. Elle n'est pas le fait de simple brigands mais ressemble plus à un guet-apens organisé, si on en juge par la herse de bois qui transperce des chevaliers sur le flanc. Le chef des brigands laisse ses hommes faire le vide dans les chariots et prendre du plaisir avec les dames de compagnie ; tout ce qui l'intéresse est dame Emma ainsi que son fils, qu'il doit livrer à un mystérieux homme. L'enfant se fait tuer tandis que la femme va se faire décapiter, sous les yeux d'un de ses servants.
Quelques temps plus tard Raedwald le saxon et Arnulf, son compagnon gigantesque, passent sur la même route et découvrent le carnage qui a été fait. Ils vont aussi faire la connaissance de charognards qui veulent prendre le peu qui n'a pas été pris. Après leur avoir réglé leur compte, ils vont découvrir le corps d'un homme encore en vie, on ne sait comment, puisque son visage a été entièrement brûlé par les flammes d'une torche. Arnulf et Raedwald le prennent avec eux, pour tenter tant bien que mal de le faire soigner.
Pendant leur marche, ils vont croiser le comte Dagbert qui est à la recherche du convoi. C'est un homme odieux mais qui veut pouvoir interroger le survivant. Il ordonne alors à Raedwald de le mener à l'hospice de Mâcon.
Même si Raedwald et Arnulf ne sont a priori pas concernés par cette affaire, ils vont quand même décidé de démêler le vrai du faux.
Commencent alors une série d'enquête qui va nous faire découvrir petit à petit ce monde qui ressemble beaucoup au notre mais qui est dissemblable par bien des manières. La première étant la présence des sylphes, entités dont on ne sait pas forcément grand-chose au début mais dont Raedwald va apprendre les secrets au fil des histoires. Et puis, il y a aussi les changelins, les goules, les trolls bref, plus on avance, plus on s'éloigne de notre propre Xième siècle. On va aussi découvrir les grands qui dirigent une partie de cette Europe. Parce que Raedwald est marchand de reliques. De ce fait, il lui arrive de côtoyer les dirigeants. Surtout qu'il dérange puisqu'il semble être toujours là où il ne faudrait pas, à enquêter. Raedwald aime trouver des réponses à ses interrogations ; du coup, il fouine. Heureusement, pour protéger ses arrières, son compagnon Arnulf est là. C'est un colosse à la force herculéenne et qui aime bien vider de nombreux pichets de vin ainsi que de prendre dans ses bras de beaux brins de filles.
Le tout est raconté par Richard D. Nolane d'une manière fluide quoique quand même pas mal verbeuse. Si vous avez du mal à enchainer les phylactères, il y a des chances que cette série ne vous plaise pas trop. Pourtant, il y a quand même de l'action dans toutes ses enquêtes. Mais c'est aussi vrai que ce n'est pas la partie principale de la série. Le dessin de François Miville-Deschênes est lui tout en finesse et en détails. Les décors sont soignés, les personnages et leurs expressions le sont tout autant. Il y a beaucoup de précision dans son trait et une recherche esthétique dans les postures, un peu comme dans les comics par moment. Cependant, cela ne sonne pas exagéré non plus. Les couleurs vont évoluées au fil des tomes, faisant d'Arnulf un personnage de plus en plus roux, mais la progression n'est sensible que si l'on compare les premier et dernier tome. Durant la lecture, cela ne se sent pas.
Millénaire nous narre cette période trouble où les hommes pensaient déjà que la fin du monde approchait, puisque la fin du premier millénaire était là. Partant de ce postulat, les auteurs ont dérivé pour nous faire découvrir leur vision du monde avec des pointes de fantasy dans cette réalité. Ils ont parfaitement réussi. Après, je pense que la série n'est pas réellement terminée, ce qui est dommage, et mériterait une suite. Espérons que deux ou trois tomes supplémentaires sortent un jour, histoire de boucler définitivement cette histoire captivante qui méritera plusieurs lectures pour tout bien assimiler.
