Wismerhill est le héros d'une des plus grandes sagas d'heroic fantasy en bande dessinée. Seulement, ce qu'il s'est passé avant notre rencontre avec lui, quand il pourchassait un lapin à la lance, on n'en sait rien. Ce tome 0, En un jeu cruel, va nous permettre de découvrir ce passé dont il ne parlait jamais, d'essayer de comprendre pourquoi les vents avaient une telle relation avec lui et, finalement, quel est son véritable lien avec la Lune Noire.
Il était une fois un vieux château en haut d'une colline qui surplombait un petit village. Dans ce château vivait un vieux seigneur que plus rien ne semblait satisfaire. Il avait pourtant une épouse magnifique, mais qui n'arrivait pas à lui redonner goût à la vie. Elle-même n'était pas heureuse. Elle montait souvent en haut de la tour pour chanter et jouer de la lyre. Là, les vents l'entendaient.
Un jour que Lucifer et Pazuzu, un prince démon, jouaient aux échecs, Lucifer proposa un jeu à Pazuzu, qui laissait souvent son maître gagner par peur de son courroux. Il devrait avoir chacun un enfant dont le but serait de conquérir le monde. Ils n'auraient pas le droit de les aider, ou le minimum possible. Pazuzu accepta sans l'ombre d'une hésitation. Il chercha celle qui pourrait être la mère de son enfant, mais ne la trouva pas. Un jour, les vents lui racontèrent qu'ils connaissaient une femme qui pourrait faire l'affaire. Pazuzu prit alors l'apparence d'un beau seigneur et fit la cour à la belle. De là allait naître Wismerhill, dont l'enfance n'allait pas être de tout repose.
À chaque spin-off, retour en arrière ou même nouveau tome, on se demande si on va se retrouver devant un tome intéressant ou une simple opération marketing. Pendant longtemps, j'ai eu du mal avec les nouveaux tomes des Chroniques de la Lune Noire, jusqu'à ce que je les relise à la suite et que je trouve un grand intérêt à des tomes que je n'avais pas aimés pris individuellement, sans relire le début. Du coup, je mets plus facilement de l'eau dans mon vin pour ce genre de sortie. Bien sûr, la jeunesse de Wismerhill ne nous a jamais vraiment manqué pendant nos années de lecture. Bien sûr, on peut se demander si Froideval n'a pas un peu surchargé son enfance pour qu'elle soit la plus misérable possible. Et pourtant, ce tome se lit bien malgré tout. Chaque nouvelle pierre me semble mine de rien intéressante, à défaut d'être essentielle, dans ce monde qui nous a apporté quand même du bonheur pendant de longues années.
Fabrice Angleraud n'en est pas à son coup d'essai dans le monde des Chroniques de la Lune Noire. En effet, il a dessiné Pile-ou-Face, le tome consacré au compagnon de Wismerhill, dans les Arcanes de la Lune Noire. On retrouve une mise en page que l'on connait dans ce monde, un trait qui sied à ce genre d'histoire, un tout qui donne une lecture très aisée. Les couleurs d'Anouk Pérusse-Bell sont chaleureuses et donnent un peu plus envie de lire le tome que si tout avait été aussi sombre que le récit.
Certainement pas indispensable, ce tome à des Chroniques de la Lune Noire apporte quand même un éclairage nouveau sur des évènements que l'on pensait connaitre. Du coup, il sera peut-être de tout relire une nouvelle fois pour regarder l'histoire à travers un nouveau spectre de lecture ?