Qui était Benjamin Lorca ? Cet écrivain prometteur, disparu à trente quatre ans en pleine reconnaissance théâtrale, mais en panne d'écriture depuis plusieurs années, est resté un mystère pour ceux qui le côtoyaient. Aussi, quand l'un de ses proches dévoile l'existence d'un journal intime, quinze ans après la mort de Benjamin, l'un de ses amis fait tout ce qu'il peut pour obtenir le droit de le lire. C'est de ce journal, et de leur réaction à son existence, que parleront les narrateurs des trois parties suivantes.
Ce roman sur la pudeur, l'intimité, le désir, moins paradoxal pour un écrivain qu'il n'y paraîtrait a priori, de ne pas laisser de trace du plus secret de soi, donne à réfléchir. D'abord à notre lien à ceux qui nous entourent, certes, mais aussi à notre propre rapport au voile, à ce qui est dit et ce qui est tu, à ce qui est montré et ce qui reste caché. Et comme de juste ces différents thèmes, comme celui du silence imposé quant à l'histoire familiale, ne sont guère qu'effleurés, par allusions.
La succession des différentes parties, du plus loin au plus proche dans le temps comme dans la proximité à Benjamin, est très intelligente, parfaitement cohérente avec le rapport de chacun des narrateurs à Benjamin et à son journal. C'est bien écrit, avec relativement peu de fautes, ce qui rend d'autant plus surprenant le "Benjamin serait furieux de nous voir infligés (sic !!) ça" de la page 176.
Nonobstant ce faux pas, cette histoire qui se lit vite reste en mémoire, discrètement...
