Les Chroniques de l'Imaginaire

Les rivières pourpres (Les rivières pourpres - 1)

Pierre Niemans est un flic un peu à part dans le milieu de la police. Considéré comme une légende vivante dans les écoles et les manuels, il est en charge d'une section parallèle qui n'intervient que sur des enquêtes au profil singulier. Cette fois, il est envoyé à Guernon, un village universitaire qui vit en vase clos, et dans lequel un corps a été retrouvé, celui de Rémy Caillois. Seulement, il a été retrouvé suspendu à une falaise, à plus de cinquante mètres de hauteur. Niemans va d'abord devoir ménager les gendarmes locaux, dirigés par le capitaine Dahmane, qui voient d'un mauvais œil l'arrivée de quelqu'un de Paris, mais Niemans n'est pas là pour rejouer la guerre des polices. Il veut seulement aider de son mieux.

À quelques centaines de kilomètres de là, le jeune inspecteur Max Kerkerian doit enquêter sur deux faits étranges dans la commune de Sarzac qui ne connait que le calme de la campagne. La première est une profanation dans le cimetière ; des croix gammées ont été taguées sur un mausolée à la mémoire de Judith Hérault, une jeune fille de dix ans morte dans un accident sur l'autoroute. La seconde est une effraction à l'école élémentaire. Le bureau a été fouillé mais rien ne semble avoir été volé.

Pierre Niemans et Max Kerkerian, qui ne se connaissent pas, vont voir leur chemin se croiser dans cette étrange histoire qui tourne autour de l'université de Guernon.

La haine, Assassins, Mathieu Kassovitz nous a vite appris qu'il était capable de prendre en otage le spectateur par des films forts, touchants, puissants, envoutants. Avec Les rivières pourpres, il s'aventurait dans un nouveau genre de film, tout en conservant sa patte personnelle. Adapté du roman de Jean-Christophe Grangé, Kassovitz a voulu nous offrir un thriller captivant en soignant à la fois son casting, ses décors et son environnement, et même certains détails comme le premier cadavre découvert (je vous invite d'ailleurs à visionner les bonus qui sont très instructifs sur le sujet).

Le couple Reno/Cassel fonctionne à merveille. Le vieux flic aigri mais efficace et le jeune fougueux limite voyou forment un duo où les failles de l'un sont balayées par les forces de l'autre. L'université joue aussi un rôle fondamental. Son emplacement géographique, l'ambiance qui se dégage de la bibliothèque, l'impression flagrante qu'il s'y passe des choses étranges, voilà autant d'éléments qui lui donnent du volume.

On notera aussi une scène de baston filmée non pas à l'occidentale, avec la caméra qui bouge tout le temps, mais plutôt à l'orientale, avec des caméras plus fixes qui permettent d'apprécier les mouvements et la chorégraphie. C'est suffisamment rare pour le préciser. Hommage de Kassovitz aux films d'arts martiaux ? Sans aucun doute. Mais cette scène est anecdotique dans l'ensemble du film qui mise tout sur l'ambiance, les lieux éloignés, bref la sensation d'être loin du monde et qu'on est seul pour s'en sortir.

Une nouvelle fois, c'est un bon et beau film que nous offre Mathieu Kassovitz.