Jeremy est trader, à New York. Depuis un accident qui a changé sa vie, il est tombé dans une spirale auto-destructrice mêlant filles et alcool, et surtout alcool. Alors qu'il n'a plus entendu parler de son père militaire depuis vingt-cinq ans, deux représentants de l'US Air Force viennent lui présenter leurs condoléances, car le lieutenant général Corbin est mort. Et la vie de Jeremy va basculer à nouveau, confronté à des évènements qui le dépassent totalement mais dans lesquels son père était impliqué, centrés autour du projet Bleiberg.
Attention, David S.Khara maîtrise son sujet. Si vous commencez ce roman ne prévoyez rien dans les heures qui suivent, vous aurez du mal à le lâcher.
Tout d'abord parce que c'est une écriture qui va droit au but, sans digressions ni longues descriptions, mais sans qu'on ait le sentiment de perdre des informations pour autant. Ca va vite, il se passe quelque chose à chaque (court) chapitre, et surtout, l'auteur a le don de nous prendre par surprise. C'est simple, dans le premier tiers du roman, on se fait balader en permanence, croyant prendre un chemin pour en fait bifurquer au dernier moment. On avale les pages sans s'en rendre compte tant le rythme et le style sont prenants.
Passé le premier tiers, l'intrigue globale commence à prendre forme. L'histoire a lieu le plus souvent dans le présent, mais comporte de nombreux chapitres se passant dans les années 40, en Allemagne ou en Pologne. Si les machinations orchestrées durant cette époque sont inventées, le contexte historique s'appuie sur des faits réels et est très bien rendu, oppressant. Le passé et le présent sont donc liés, et le dénouement nous amènera évidemment à en connaître la raison.
Sur la piste du mystère du projet Bleiberg Jeremy sera accompagné de Jacky, un agent secret femme chargée de sa protection. Et c'est là que la bât blesse. Le personnage de Jacky n'est pas du tout crédible, et ressemble plutôt à une bimbo de manga, douée en arts martiaux mais pas très maligne. Alors que le thriller est vraiment prenant et sombre, l'humour mordant, j'ai été gênée par cette légèreté inopportune. En revanche, le personnage de Jeremy est plutôt convaincant, et j'ai été conquise par Eytan, l'agent du Mossad qui lui ressemble vraiment à un agent secret même si en aparté on devine qu'il cache de lourds secrets.
Malgré ce dernier point qui mapparaît comme une simple fausse note plutôt qu'une vraie faiblesse, je recommande fortement Le projet Bleiberg à tous les amateurs du genre, car, disons-le, David S. Khara manie avec brio les ficelles du thriller. Un auteur à suivre, assurément.
