Théodule passe ses journées entre sa maison de banlieue et les égoûts de Paris. Il aime son métier, et apprécie beaucoup ses collègues, notamment Montaigu, qui est devenu son ami. A la maison la vie est moins rose. Lui et sa femme ne se parlent presque plus. Elle occupe un poste à responsabilités, et aussitôt la porte d'entrée franchie replonge dans ses dossiers. Après une énième dispute, Théodule décide de quitter le domicile conjugal.
Dans le même temps, une chose étrange s'est produite alors qu'il se trouvait dans les égoûts. Un vieil homme, un clochard, se tenait dans la pénombre. Alors que Théodule lui intimait de se montrer, ses jambes se sont dérobées sous lui, et il s'est évanoui. Personne n'a vu le vieil homme. A-t-il rêvé ? Impossible, puisque les jours suivants, le clochard se trouve sur son chemin, où qu'il aille, jusqu'à l'hôtel dans lequel il passe désormais ses nuits. Qui peut bien être cet homme ?
C'est là que le récit bascule dans le monde de la fantasy. Car ce clochard n'est pas n'importe qui : il s'agit de Silène, un satyre de la mythologie grecque. Et Théodule va tomber de haut en apprenant que son ami Montaigu est en fait Orcus, autre figure mythologique, en lien étroit avec le monde des morts. Franck Ferric a imaginé tout un univers, dans lequel les dieux anciens des cultures polythéistes ont été supplantés par les Uniques, (la trinité chrétienne). Tombés dans l'oubli, ces dieux survivent sur le Plancher (la Terre), car leurs Domaines respectifs sont laissés à l'abandon depuis la phase de Long Silence subie, faute de foi humaine. Au contraire, d'autres dieux ont vu le jour, car pour qu'il y ait dieu, il faut qu'il y ait foi. D'où l'apparition du dieu Dollar.
La mission d'Orcus et de Silène est d'amener Théodule à les aider à retrouver Pan, dont la disparition a causé grand tort au Panthéon. C'est ainsi que Théodule, très incrédule au départ, va se trouver embrigadé dans une guerre entre dieux aux objectifs différents, et dans l'enquête sur le lieu où se trouve Pan, tout cela en naviguant entre les tangences divines qui relient les Domaines entre eux. Certaines allusions vont aussi amener Théodule à se demander pourquoi lui a été choisi et pas un autre....
Franck Ferric a su faire preuve de beaucoup d'imagination. C'est original, on voyage totalement dans l'onirisme mythologique, avec des incursions dans le Domaine de Hel par exemple, un lieu de désolation enchanteur, ou encore dans celui d'Odin. L'intrigue est bien trouvée, avec ces dieux oubliés qui vivraient parmi nous, et la quête menée par Théodule pour retrouver Pan. Même si j'aurais préféré un peu plus de lyrisme dans l'écriture, pour coller au plus près à l'ambiance du récit, le roman se lit facilement, avec fluidité, et avec plaisir. Petit conseil, au fur et à mesure que vous rencontrez les personnages mythologiques, n'hésitez pas à consulter le lexique en fin d'ouvrage. Et notons au passage la superbe couverture de Bastien Lecouffe-Deharme, qui nous plonge d'emblée dans l'atmosphère onirique des Tangences divines.