Une lettre est envoyée, par un inconnu, au commissariat. Introduits par un poème de Schiller et sous forme prosaïque, ces quelques mots, soigneusement choisis, annoncent un événement tragique. Pour Raupach, inspecteur reclassé dans les archives de la police, cette énigme le titille et le fait sortir de sa pseudo-retraite forcée. Quelles informations peut-on retenir de ce courrier hors-norme ? Doit-on prendre ces menaces au sérieux ?
Thomas Kastura marque par son originalité. On voit très peu de policier commencer par ce qui entraîne l'acte. Souvent, la scène de crime donne le ton. Les enquêteurs s'occupent de l'affaire, récoltant les indices ou découvrant des messages laissés par le meurtrier. Ici, le crime est annoncé par une lettre de menace. Mais elle n'est pas claire et laisse les portes ouvertes à toutes sortes d'hypothèses. Faut-il tenir compte du reste du poème, bien plus sinistre que les vers choisis par l'assassin. Enfin, le doute s'installe entre les inspecteurs. Cette lettre, bien trop fantaisiste, est-elle luvre d'un véritable criminel ou d'un déséquilibré en mal d'expression. Le meurtrier de l'Avent est aussi déstabilisant car il met en scène dès la première page de nombreux personnages. Le lecteur entrevoit un moment de leur vie et se demande quel est le rôle de tous ces gens. Méchant ou innocent ?
Tout au long du thriller, le lecteur ne s'ennuie pas. On attend d'en savoir plus sur le décryptage de la lettre par les inspecteurs et on aimerait savoir ce qui a entraîné le pseudo- terroriste à envisager sa vengeance. Dans les deux cas, c'est une lecture progressive et minutieuse qui permet d'amasser les indices. Chaque point donnera un éclaircissement sur cet acte murement réfléchi.
Et puis, les sentiments du lecteur sont malmenés. On espère que les enquêteurs prendront la menace au sérieux et trouveront la clé de l'énigme à temps. En même temps, on ressent la souffrance et la colère de Johan face à la mort de Maura. Personne n'a rien fait pour la sauver, tout le monde est resté indifférent au drame dont ils ont été spectateurs.
Même si le roman se déroule à un rythme lent, le lecteur se prend au jeu. Chaque indice dévoile le plan du drame à venir. Chaque nouvel élément permet de comprendre les faits, déclencheurs de cette folie meurtrière. Un ouvrage, coup de cur, à conseiller à ceux qui aiment avoir les nerfs à fleur de peau.
