Nous sommes en 1887, à Dahomey, au Sénégal. Une prisonnière appelée Diamanka est sur le point d'être libérée, à la simple condition de signer un document à Saint-Juste, un français. L'esclavagisme vient d'être aboli, et les français et autres américains doivent jouer avec la légalité pour continuer leurs trafics d'hommes... Alors, Diamanka est maintenant liée par contrat à Saint-Juste. L'une des dernières amazones, farouche guerrière s'il en est, a pour prochaine destination Paris, la lumineuse capitale française, et plus particulièrement le zoo du jardin d'acclimatation...
Car dans ce zoo, on ne trouve pas que des animaux comme des singes ou des panthères... Des tribus africaines reconstituées y sont également présentes, et servent notamment à reconstituer de célèbres batailles, où naturellement les français sont toujours victorieux, devant le tout Paris... Pour autant, les africains y trouvent des médecins personnels, qui soignent les éventuelles maladies qui sont monnaie courante, étant donné les températures nettement moins clémentes à Paris.
Parmi ces médecins, on trouve notamment le docteur de la Fillière, un homme fier, père d'un adolescent nommé Eugène. Ce dernier suit une carrière artistique, de peintre pour être plus précis, au grand désespoir de son père. Le bon docteur ne s'éclate plus vraiment dans sa vie de notable parisien, et il trouve jusqu'à présent la compensation dans une très jolie collection de pièces d'animaux et de photographies provenant de tous les pays. Par ailleurs, le docteur en question ne semble pas vraiment insensible aux charmes sauvages de Diamanka l'amazone. Et l'occasion lui sera donnée de la voir de très près, en la soignant...
Laurent Galandon est de plus en plus connu pour ses scénarios qui ont souvent le bon goût de plonger l'histoire de ses personnages dans la grande Histoire. C'était notamment le cas pour L'envolée sauvage, ou encore Tahya El-Djazaïr qui se passait au coeur de la guerre d'Algérie. Ici, c'est d'une vénus qu'il s'agit, un peu comme ce qu'on a pu lire dans Vénus noire, l'adaptation de Renaud Pennelle en bande dessinée du film du même nom d'Abdélatif Khéchiche.
C'est ici à la fin de l'époque de l'esclavagisme que nous nous situons, pour apprendre que finalement, ce dernier aura encore pu continuer d'une autre manière, avant que les lois ne soient définitivement et correctement ficelées. C'est ici l'italien Stefano Casini qui a la charge des dessins : nous retrouvons donc avec plaisir ce dessin si fin et délicat, parfaitement mis en couleurs par Christophe Bouchard.
Ainsi, si la couverture est magnifique, avec ce grain qui la vieillit volontairement, rien n'est à jeter à l'intérieur des planches. L'accent est mis sur l'arrivée de Diamanka à la capitale, et la façon dont elle et les siens sont reçus à Paris, en étant parqués dans un zoo comme de vulgaires animaux. Les choses vont évidemment commencer à se décanter en fin d'album, mais il faudra attendre le second tome de ce diptyque pour véritablement juger la qualité de la série.
Sur la forme, c'est un album sur lequel il n'y a pas grand chose à redire pour l'instant. Sur le fond, Galandon prend le temps de mettre les choses en place, et il va falloir rester patient : il est pour le moment bien difficile de prédire ce qui va se passer : à suivre donc, mais la confiance peut être accordée sans nul doute à cette série, étant donné les joyaux précédents du scénariste.