Les Chroniques de l'Imaginaire

Ô dingos, ô châteaux ! - Tardi, Jacques & Manchette, Jean-Patrick & Tardi, Jacques

Thompson est un tueur à gages. C'est un homme froid qui a une longue expérience dans le métier, mais qui se pose maintenant de plus en plus la question de la retraite... Il lui devient quasiment impossible de se nourrir lorsqu'il a un dossier sur les bras. Ce n'est qu'une fois le meurtre accompli que Thompson est enfin soulagé. Là, il ne se nourrit plus : il dévore littéralement toute la nourriture qui passe à sa portée. Mais voilà... Thompson vient de voir un client : il a un nouveau dossier sur les bras. La sueur l'envahit de nouveau, ainsi que les crampes d'estomac...

Nous retrouvons ensuite Michel Hartog, un homme riche qui a réussi à particulièrement bien percer dans l'industrie. Plus exactement, c'est son frère et sa belle soeur qui ont percé, mais ces derniers sont morts, laissant à Michel toute leur fortune, ainsi que Peter, leur fils désormais orphelin, qui n'a plus que son oncle Michel... Mais ce dernier n'a pas grand chose d'un vieil oncle avenant. Ce serait même tout le contraire...

Aujourd'hui, Michel Hartog passe rapidement dans un asile afin d'y récupérer Julie Ballanger, une dame qui vient de passer plusieurs années sciemment dans cet établissement. Julie sera la nouvelle nounou de Peter, car la dernière a démissionné, ou a rendu l'âme, allez savoir... La première rencontre entre Julie et Peter n'est pas vraiment bonne : le sale gamin n'en fait qu'à sa tête, et il va falloir lui faire passer ses sales manies. Hartog ne fait travailler que des gens handicapés ou dérangés autour de lui, signe de la volonté de faire de l'aide sociale, peut-être...

Et puis un jour, Julie et Peter sont enlevés par un gang, mené par Thompson, le tueur à gages. Hartog va vouloir tout faire pour récupérer le gamin, mais voilà que les ravisseurs forcent Julie à signer des aveux prouvant que c'est elle qui a enlevé le petit... La presse s'en mêle bien vite, et la situation devient de plus en plus explosive !

Après La position du tireur couché, nous voilà replongé dans un polar de Tardi. Plus exactement, comme son prédécesseur, ce livre est tiré d'un roman de Manchette du même nom, qui reçut en 1973 le prix de la Littérature Policière. Cette adaptation en bande dessinée nous donne le bonheur de retrouver le dessin si inimitable de Tardi. En noir et blanc, bien évidemment : de quoi conserver toute la force du trait, et tout le mouvement de certaines scènes.

Tardi se régale à nous montrer des tronches ravagées dont il a le secret, tout en s'amusant dans certains décors, notamment avec des vieilles pierres et des routes pavées. Le scénario est là et bien là, et le rythme de la bande dessinée est parfaitement maîtrisé. On alterne entre les Hartog et les Thompson, en passant par Fuentès, cet étrange personnage, ancien collègue architecte de Michel Hartog, qui en veut à mort à ce dernier depuis qu'il a hérité d'une fortune.

Les personnages de ce livre sont travaillés et bénéficient tous d'un charisme et d'une crédibilité énormes : un polar qui se découvre ou se redécouvre d'une bien jolie manière ici !