Nous sommes à Melun, en Seine et Marne, en 1946. Une vieille dame a un rendez-vous avec le juge Legentil, qui est tout récent à ce poste. Madame Scaffa est déjà venue voir le prédecesseur de Legentil, mais ce dernier n'avait rien voulu faire pour aider la pauvre femme. Robert Scaffa, le fils unique de la dame en question, a été froidement abattu dans un bois, et a été déclaré traître par la Résistance, juste avant la fin de la guerre. Quelque chose d'inconcevable pour l'inconsolable vieille dame, qui laisse le dossier complet de son fils au juge Legentil...
Et le juge en question a une qualité énorme : il est intègre et droit. Le soir même, après avoir dîné avec son épouse et ses deux jeunes fils, il ne peut s'empêcher de lire de dossier de Robert Scaffa. Et il y trouve un certain Joseph Joanovici, alias Spass, dans le dossier. Ce dernier, un ancien ferrailleur juif, était apparemment également membre de la Résistance. A présent que la guerre est finie, il a été mis sur un véritable piédestal après avoir sauvé la vie de plus de cent cinquante juifs, un peu à la manière de Schindler...
Mais une part d'ombre se cache dans le personnage de Joanovici, et Legentil ne va pas tarder à s'en rendre compte : il s'attire les foudres de tous, en osant aller poser des questions sur le passé et les activités de Joanovici pendant la guerre. Notamment les foudres de Bourguignon, un proche de Joanovici, qui sait tout... Legentil va perdre son travail suite à des manipulations politiques orchestrées par Joanovici, qui a le bras très long. Puis, Legentil va finir par se retrouver seul, sa femme ayant été violée pour que Legentil arrête de fouiner...
Ainsi, les désillusions seront nombreuses, mais Legentil s'est accroché, et il ne voudra plus rien lâcher... Dans ce cinquième tome de Il était une fois en France, Legentil n'est pas le seul à perdre des plumes. On comprend en tout cas pourquoi, dès le tome 1, le vieux Joanovici s'inquiète encore de la présence du juge de Melun, qui guette encore l'ancien collaborateur et résistant alors même qu'il est à la retraite.
Joanovici y perd des plumes également, et on sait maintenant comment Eva, la femme de Joseph, a fini par sortir de sa vie. Douloureusement... Une fois de plus, le scénario de ce tome est à la hauteur de la série : quelque chose de grandiose, de travaillé, de recherché... Le tome apporte des réponses, énormément, et fait réfléchir sur les toutes premières planches du premier tome de la série. Celle-ci est définitivement une série tentaculaire, où les actions et les décisions des uns et des autres forment un tout cohérent, qu'il est délectable de découvrir au fur et à mesure.
Côté graphique, on retrouve le trait fin de Sylvain Vallée. Les visages ont encore leurs expressions finement mises en valeur par des jeux de lumière délicats créés par Delf à la couleur. Graphiquement, le tome ressemble bien évidemment complètement à ses prédécesseurs, ce qu'il ne faut nullement changer, étant donné le résultat identitaire qui colle à cette série.
Une série magnifique à côté de laquelle il est indécent de passer, qu'on soit fan d'Histoire ou pas !