La police viennoise découvre le corps sans vie d'un homme dans une piscine au sommet d'un immeuble. Avec la canicule, rien d'étonnant hormis qu'il manque une jambe et une main au cadavre. L'homme a été mordu par un requin. Point de requin de piscine viennois sur le toit du building, le seul indice que les plongeurs sortent de l'eau est une prothèse auditive.
Le "palais" refourgue à son habitude les crimes qui sortent de l'ordinaire à son inspecteur tout aussi extraordinaire, Lukastic, policier, philosophe et habitant toujours chez ses parents!
Un polar autrichien, voilà encore une chose qui sort de l'ordinaire ! Steinfest, écrivain et peintre, produit avec ces Requins d'eau douce une enquête éveillée et amusante. Son personnage principal, Lukastik, un inspecteur très spécial (comme toujours dans les romans policiers) est exaspérant mais surprenant. Sa manière de penser, d'enquêter et d'embarrasser ses supérieurs et collègues font de l'ensemble un roman complètement déjanté et jouissif. Les yeux du lecteur, toujours surpris, filent sur les pages aux basques d'un Lukastik innovant dans ses explications des faits et fort bien secondé par un narrateur potache et décalé.
S'il s'égare par moment, tout comme Lukastik, c'est forcément à dessein. Les éléments s'imbriquent dans la construction de l'histoire comme une mécanique farfelue. Les dialogues sont incisifs, ils claquent entre les interlocuteurs et poussent le développement de l'histoire, le style et les personnages improbables, paradoxaux et ironiques de Steinfest encore plus loin. De plus, il possède un talent particulier pour rendre ses descriptions savoureuses et belles.
L'ouvrage complet est une belle surpise, amusant et plein d'astuces. Le lire a été comme profiter d'une bouffée d'air frais après une après-midi de canicule.
