"A l'attaque !". Derguin se jette dans la bataille. Contre les Atagaïres, le Martal n'a aucune chance. Ces amazones, plus rudes au combat que les meilleurs des guerriers du Nord, ont des compte à régler. Les Glabres, cavaliers des oiseaux de terreur, ont violé la fille de la reine et l'ont laissée périr à la lumière du soleil. Ils ne peuvent s'en sortir indemnes. Derguin, fer de lance de ces alliées inattendues, mènera la Horde Rouge à la victoire. Mais sur le chemin de cette gloire militaire, il a rencontré Ziyam, fille cadette de la reine des montagnes. Il a osé défier son autorité, et maintenant que sa mère est morte et qu'elle est reine à son tour, elle le lui fera payer. Aidée d'Ariel qui, on le sait depuis peu, est la fille du Zémalnit et de la nymphe Triane, Ziyam s'emparera de lÉpée de Feu. Son but : délivrer le Dieu fou de son sommeil pour que ce dernier l'aide à conquérir l'amour de Derguin. Et peu importe que des villes entières soient détruites par sa faute !
Le Zémalnit a déçu, le Zémalnit est déchu. Il perd l'arme la plus puissante de Tramorée pour la deuxième fois. Et il connaît les conséquences d'une telle perte. Il tremble de froid, il est reclus de fatigue, il est plus qu'extrêmement irritable et tout a un goût de cendres, jusqu'à l'air qu'il respire. Mikhon Tiq, miraculeusement sorti de sa gaine de pierre, fait appel à un monstre volant pour le conduire sur la piste des voleurs, mais ils arrivent trop tard. Un géant démesuré et effrayant pulvérise déjà la glorieuse cité de Narak. Mikha le combat, mais est emporté au loin. Désemparé, Derguin se retrouve seul au milieu des ruines. Seul ? Non pas vraiment. Le Gourdin revient d'entre les morts pour lui porter secours une nouvelle fois. Ensemble, ils repartent comme autrefois à la conquête de la lame qui seule pourra empêcher les Dieux de se réveiller de la longue nuit dans laquelle ils avaient été plongés. Car ils sont bel et bien de retour, ces êtres supérieurs faits d'acier et de nanotechnologies, ces entités beaucoup moins bienveillantes que ce que les hommes ont voulu croire pendant mille ans. La paix a pris fin et la guerre la plus sombre de l'histoire du monde a commencé.
Même schéma que pour le deuxième tome de la Chronique de Tramorée : on reprend l'histoire quelques chapitres en arrière et on la continue. Seulement cette fois, on ne la perd plus de vue. Et après un petit aperçu de la catastrophe de Narak le dix bildanil de l'an mil-deux, on retourne deux semaines en arrière pour reprendre l'aventure là où on l'avait laissée. Un flash-black un peu difficile à avaler, et qui tire en longueur. De la découverte du masque maléfique qui achèvera de pervertir les sentiments de Ziyam à l'arrivée à Narak pour le réveil du Dieu, en passant par la rencontre avec Triane et la persuasion d'Ariel pour qu'elle vole l'épée de son père, il y a de nombreuses pages. Pourtant, le lecteur veut avancer dans l'histoire, connaître la suite et la fin de la saga. Malheureusement s'il s'attendait au bouquet final de ce merveilleux feu d'artifice que Javier Negrete a construit sur les deux premiers volets, il en est pour ses frais. Yugaroï, la nuit de Dieux n'est en définitive qu'une mise en place du combat final, une sorte de dernier volet-prime avant d'accéder réellement au dénouement. Bref, un petit arrière-goût de désenchantement... Surtout que le narrateur fonctionne de plus en plus au switch entre les personnages (que l'on retrouve trop fréquemment dans certains thrillers américains comme recette du suspense) qui épuise la patience du lecteur. Cependant, les ingrédients qui ont fait la magie de Zémal et de Syfrõn sont encore là. On aime toujours autant le style enlevé qui nous emporte aux confins d'un univers riche et plein de surprises qui, outre la mythologie antique sous-jacente, s'étoffe de saveurs science-fantasy de plus en plus corsées, mais toujours justement dosées. De plus, on est tellement attachés à Derguin, Kratos, Mikhon, et même Linar qui revient enfin mettre son grain de sel dans les affaires des mortels, que malgré la légère déception, on attendra le quatrième tome avec beaucoup d'impatience. Affaire à suivre...