Les Chroniques de l'Imaginaire

La Sorcière de Dark Falls (Les Invisibles - 2) - Del Ponte, Giovanni

Douglas, Crystal et Peter ne sont pas des ados comme les autres. Dans leur vie quotidienne, ils n'ont pas d'amis. Ils sont même plutôt brimé par leurs petits camarades. Mais quand ils se retrouvent tous les trois, ils se transforment en enquêteurs de l'étrange. C'est Crystal qui entraîne cette fois encore ses deux compères sur la voie des ennuis : elle a mystérieusement disparu juste avant leur arrivée à Dark Falls et ne leur a laissé pour tout indice qu'un parcours fléché menant tout droit au mystère qui entoure la ville et sa sorcière. Car il y a bien eu une sorcière autrefois. Et même si la bibliothèque municipale porte même le nom du héros qui l'a terrassé, aucun des habitants de la bourgade ne semble vouloir s'intéresser à cette histoire ni même daigner s'en souvenir. Tous font pourtant d'horribles cauchemars récurrents dont personne ne se rappelle jamais. D'autres questions sans réponses ne vont pas tarder à tarauder nos jeunes amis. Que sont ces chiens qui sèment la terreur dans la nuit ? Pourquoi leur apparition coïncide-t-elle avec une série de crimes sanglants ? Tant de mystères que les deux Invisibles restants devront résoudre sans l'aide de leur précieuse télépathe...

L'enfant portail et le très intelligent Peter se retrouvent dans ce second opus de Les Invisibles pour partager une nouvelle aventure extraordinaire dans des décors très américains dignes des meilleures séries télé. Seuls amis l'un de l'autre, outre Crystal bien entendu mais elle apparaît assez peu dans le roman, ils profitent de ces vacances bienvenues pour échanger sur leur année difficile : contacts inexistants avec les autres élèves, problèmes familiaux (l'un est orphelin de mère et fils d'un père absent, l'autre est brimé par ses parents qui veulent en faire un modèle d'éducation réussie)... C'est le petit côté didactique et moralisant de cette série. Mais tout s'arrange dans un happy end très fleur bleue, encore une fois tout à fait en adéquation avec la mouvance états-unienne de cette série : lors de la grande fête qui rassemble tout le village à la fin de leurs aventures, Doug accepte d'aller en pension et Peter parvient à tenir tête à ses parents, suffisamment en tous cas pour obtenir d'eux un complet revirement de leurs méthodes éducatives. Un peu tiré par les cheveux, non, cette maturité soudaine que développe la chasse aux sorcières ? Mais malgré ces petits points noirs, La Sorcière de Dark Falls reste un très bon roman pour adolescents. Il se lit facilement, bien que l'auteur emploie parfois des mots d'un niveau de langue un peu plus élevé que la moyenne d'usage (ce qui aura pour avantage de cultiver un peu nos chères têtes blondes). L'intrigue est prenante, inventive, et les états d'âmes des héros retracent avec justesse certaines des frustrations et des blessures des jeunes de douze ans. Un certain accent de vérité donc qui enchantera sûrement le lectorat des 10-15 ans passionné de fantômes, enquêtes et autres pouvoirs paranormaux. Une recette qui a d'ailleurs permis à Giovanni Del Ponte de faire de sa saga une référence en Italie, et de nombreux prix en littérature jeunesse.