Le Trou est une petite ville bien tranquille et baignée de soleil... Le Trou, son calme, ses commerces, son crématorium flambant neuf... Le Trou et ses vieux. Ou peut être plutôt le Trou et ses vieilles. C'est qu'elles sont nombreuses au Trou. Veuves pour la plupart, elles nourissent le chat, boivent le thé, pourrissent la vie de leurs enfants ou regardent la télé fort, très fort.
Les vieilles sont nettement plus nombreuses que les vieux. A part Pierre Martin et ses quatre vingt dix printemps, il n'y en a plus beaucoup qui tiennent la route. Et puis, des jeunes au Trou, il y en a si peu... A part Kévin... Mais Kévin lui, aime les vieilles, alors, ça compte pas.
Forcément donc, l'arrivée de Nicole, une jeunette de soixante ans, tout juste à la retraite, ça remue son monde. Enfin, ça fait parler tout du moins. Mais pas autant que l'astéroïde...
Pascale Gautier nous livre là un petit roman tout en fraîcheur et en légèreté. Si le titre peut paraitre irrévérencieux, il n'en est rien dans le contenu. L'humour est présent à chaque ligne. Les petits travers de nos anciens sont présentés avec le sourire et le trait, peut-être un peu forcé, nous fait dire souvent que nous aussi on en connait un comme ça, que Madame Rousse nous fait penser à notre grand mère ou Madame Chiffe à une tante.
C'est probablement l'accumulation des vieilles qui donne cette sensation "d'un peu trop", car finalement, chaque personnage est dépeint avec justesse. Dans ses travers bien sûr, puisque ce sont généralement eux qui nous font rire, mais également dans dans ses sensibilités. On pourra ainsi appréhender bien des choses sous un angle différent, sortant un peu de la maison de retraite à l'échelle communale qu'est le Trou.
La réthorique accentue cette sensation de "vieillitude". Les mots se répètent, les conversations tournent en rond, Pierre Martin est tout auréolé de gloire dans son short bleu et la pauvre Virginie meurt d'un cancer supplémentaire à chaque coup de téléphone. C'est peut être un peu lourd au début, un peu agaçant, et puis, on s'y fait, on s'y attache même à cette manière de faire, un peu comme à nos "vieux" finalement.
Un moment léger en perspective... Enfin, au fond, peut être pas si léger que ça. Le questionnement est amené tout en finesse, tout en simplicité, et tout naturellement et pourtant... La légèreté de ce livre ne ferait elle pas finalement réfléchir ?