Les hommes du passé ont apporté un magnifique cadeau à Ryu: un avion bi-hélice qu'il était simple de réparer. Voici donc l'occasion rêvée d'aller voir ce qu'est devenu le Japon, et de rencontrer les mutants responsables de la ruine du pays. Pour la première fois, Ryu découvre vue du ciel ce qu'il est advenu de la planète, à présent recouverte de forêt... Quelle force que celle de la nature ! Mais une fois arrivé face au Japon, il découvre que le pays est resté fortement dense, fortement civilisé... et encore plus fortement pollué. L'île toute entière a été enfermée dans un champ de force impénétrable, et tout autant isolant. Les gazs toxiques créés par la société humaine ne peuvent donc s'en échapper, et les hommes qui y vivent sont piégés et meurent chacun leur tour, de leur propre production industrielle...
J'en avais parlé lors de la chronique du dernier Cyborg 009, le thème majeur de Le voyage de Ryu est la place de l'homme dans le monde. Cette conclusion, ce cinquième opus, le dit très précisément, mettant en scène l'humain face à ce qu'il pourrait devenir, puis face à d'autres races animales. Pourquoi l'homme s'est-il illustré pour devenir l'espèce dominante sur la Terre ? Certains arguments sont ainsi décrits, autant dans le positif que dans le négatif. C'est clairement un volume moralisateur que ce cinquième et dernier tome de la série, où Ishinomori place l'homme devant ses responsabilité devant un élément divin, sans oublier le libre-arbitre.
Depuis le début de cette série, le personnage principal, Ryu, se plaçait en tant que champion de l'espèce humaine, fort de ses convictions d'homme moderne, sous entendu de notre société contemporaine. Les différentes rencontre qu'il a fait ont placé Ryu comme un être fédérateur, leader d'une pensée d'un certain art de vivre, dans le respect de la planète. De ce point de vue, la philosophie du personnage a bien changé. Si cette fiction sert à quelque chose, c'est bien à se poser la question de l'avenir de l'humanité au sein de notre planète. Quarante ans après, cette question est plus que jamais au goût du jour, comme en témoignent les notions de développement durable qui sont au coeur des recherches en géographie et en écologie. Une occasion pour moi de vous rappeler le one-shot Hotel, de Boichi, qui décrit aussi une catastrophe qui voit l'humanité disparaître.
Au final, Le Voyage de Ryu s'avère avant tout une fiction faite non pour divertir, mais plus pour faire réfléchir sur l'homme, la science, la nature... bref la vie, avec un petit côté La planète des Singes en guise de parallèle, et qui convient sans doute plus à des adultes qu'à des enfants, même s'il s'agit d'un shônen. Bonne lecture.
