Une tempête, une erreur humaine, une montagne. Et cent soixante huit des cent soixante neuf passagers du vol Ankara-Paris meurent. Seul survivant : un bébé, une petite fille de quelques semaines, miraculeusement éjectée dans la neige au moment du choc, avant l'embrasement de l'avion, où voyageaient également ses parents. Une consolation pour sa famille. Mais quelle famille ? Car il y avait deux nourrissons du même âge, dans cet avion : Lyse-Rose et Emilie. La justice finit par trancher : la petite s'appelle Emilie Vitral, et est donc confiée à ses grands-parents, Pierre et Nicole Vitral.
Mais l'autre famille, les Carville, ne désarme pas. Mathilde de Carville charge un détective privé, Crédule Grand-Duc, de découvrir la vérité, quelle qu'elle soit, et de l'informer. Pour ce faire, il a dix huit ans : jusqu'à la majorité de la petite. Et pendant dix huit ans, consciencieusement, Grand-Duc cherche. Sans rien trouver de probant. Et soudain, in extremis, la révélation.
Ce roman policier original est aussi une belle histoire d'amour, l'histoire d'une possible renaissance, et, à l'inverse, du pourrissement progressif d'un type honnête au départ. Le rythme en est soutenu, haletant, scandé par ces dates qui se succèdent, entre passé et présent. Les personnages sont touchants, avec ces deux formidables lutteuses que sont les deux grand-mères ; et ce peut-être frère (Marc) et cette presque soeur (Malvina), si blessés de ne pas savoir. Le lecteur, qui veut aussi avoir la solution de l'énigme, comme les personnages de l'histoire, ne peut s'arrêter avant de la connaître. Comme quoi il n'est pas nécessaire qu'un roman soit anglo-saxon pour être un "page-turner" !