Thomas Flynn vit avec sa femme dans un quartier chic de Washington. Son entreprise de pose de moquette prospère et avec ses employés ils forment une grande famille. Pourtant une ombre au tableau persiste et prend de l'ampleur : son fils. Chris n'est pas un enfant pourri gâté, mais il ne manque de rien. Il a sa voiture, étudie dans une bonne école, a tout ce qu'il faut pour être heureux. Pourtant son comportement est à l'opposé de ce à quoi on s'attendrait. C'est un jeune homme violent, qui deale et vole, au grand dam de ses parents. La coupe est pleine lorsqu'il agresse un jeune homme après un accrochage en voiture, et qu'il s'enfuit devant les policiers, donnant lieu à une course-poursuite dans les rues de la ville. Au vu de ses antécédents, Chris ne peut échapper à la prison.
Un bon tiers du roman est consacré à planter le décor, et même plus que cela, à intégrer la vie des personnages. Les points de vue du père et du fils sont abordés. On comprend la position de Thomas, désemparé par la situation, qui se demande où il a échoué, et qui en veut trop à son fils pour réussir à communiquer avec lui. Et on sait d'autre part ce qui s'est passé dans la tête de Chris pour qu'il décide un jour de sortir des rangs et de mener sa vie comme il l'entendait. Le passage en prison donne encore plus de consistance au roman. Les bad boys sont entre eux, s'intimident ou se respectent, et se remettent en question. Au cours ce cette partie du roman le lecteur oublie totalement qu'il est censé lire un polar, tant le propos et le quotidien de la famille Flynn sont émotionnellement intenses.
En liberté conditionnelle, Chris travaille pour son père, avec un de ses anciens camarades de prison. Alors qu'ils doivent poser une moquette, ils découvrent sous le parquet un sac rempli de billets. Chris et Ben n'y toucheront pas, mais ça, les propriétaires du sac ne le savent pas. Sans le vouloir, les deux amis ont mis les pieds dans une affaire qui n'aurait jamais dû les concerner.
Le rythme s'intensifie à partir de cet évènement, car Chris va voir les ennuis arriver sans vraiment savoir de quel côté ils viennent. Il n'a pas cet argent, après tout, et ne sait pas tout de suite ce qui s'est passé, contrairement au lecteur. Le récit est donc très prenant, non seulement parce qu'on sait le danger que Chris et ses proches courent, mais surtout parce que nous avons eu le temps d'apprendre à connaître et à nous attacher aux personnages. L'injustice de la situation pèse d'autant plus qu'à sa sortie de prison Chris n'est plus le même homme, il s'est assagi, raisonné, et a décidé de remettre sa vie sur les bons rails. Il va donc devoir se défendre sans retomber dans les anciennes méthodes.
En plus d'être une fascinante histoire de gangsters, Mauvais fils est un roman qui met remarquablement en avant des valeurs humaines : celles de la famille, de la confiance, et surtout de l'amitié. Malgré leurs allures de mauvais garçons les anciens délinquants sont prêts à donner beaucoup, jusqu'à leur vie, pour aider leurs proches. Et ceux qui avaient jusqu'alors une vie relativement normale vont devoir faire face à des ennuis inédits, sur ce point l'auteur n'a vraiment pas d'états d'âmes. C'est un très bon polar, humain, intense, au style impeccable, et qui m'a donc fait passer un excellent moment.
