Nous sommes à présent en 1944, et la guerre est plus proche de la fin que du commencement. Les alliés reprennent en main les territoires français et belges, notamment avec l'aide des américains. Ainsi, au fur et à mesure de la débacle allemande, la population reprend goût à l'avenir, et cherche forcément les collabos, à qui il est hors de question de pardonner. C'est alors Alice qui va payer : la femme de Charles, fortement suspecté d'être un collaborateur, vient d'être rasée en public, avec toute la honte sur les épaules...
A présent, la jeune femme revient dans son village natal. Elle est revenue se reposer dans l'hôtel de Rose, et reste distante avec Thomas, le frère de Charles, son mari, qui est porté disparu depuis plus d'un mois. Charles et Thomas ont toujours eu des idées diamétralement opposées. Thomas n'a pas fait la guerre, pour un problème de paludisme contracté en Afrique. Mais Thomas a toujours plutôt cherché à aider la Résistance, plutôt que les allemands, surtout depuis que sa petite amie espagnole a disparu...
Il y a un lourd passé affectif entre Thomas et Alice, même si cette dernière a fini par choisir Charles, huit ans avant le commencement de la guerre. Pour autant, Thomas a bien l'intention de retrouver son frère Charles. Pour cela, il sera aidé de Joseph, le curé du village, meilleur ami de Thomas depuis toujours. Joseph a des relations à Liège. Un notable qui pourra mettre Thomas sur la voie de la disparition de Charles. En creusant un peu, Thomas découvrira que son frère était plutôt du genre à infiltrer l'ennemi au plus près, afin de glaner de précieuses informations qu'il faisait parvenir à la Résistance...
Suite et fin de ce très beau dyptique consacré à une histoire familiale au sein de la grande Histoire. Les temps nouveaux nous présentent bien des personnages tous issus d'une petite bourgade belge proche de Liège. Warnauts et Raives n'en sont pas à leur coup d'essai ensemble, loin s'en faut, puisque cela fait maintenant vingt-cinq ans que les deux hommes travaillent ensemble, et vont jusqu'à dessiner certaines de leurs planches à quatre mains.
Cette série fera ainsi immanquablement penser à des séries comme Le sursis ou Le vol du corbeau (de Jean-Pierre Gibrat), non seulement par le contexte historique ou scénaristique, mais aussi parce que le graphisme est également ici très travaillé, avec de magnifiques couleurs, et un soin tout particulier apporté aux jeux d'ombres et de lumières, ainsi qu'aux nombreuses expressions très soignées. Les auteurs ont réussi là à atteindre une grande maturité, depuis des albums comme L'orfèvre (Glénat) ou A Coeurs perdus (Casterman). Une série comme Airborne 44 est également assez proche graphiquement de cette nouvelle perle de la collection Signé.
Historiquement, les choses sont remises dans leur véritable contexte à la fin de chacun des deux albums, notamment sur les années 44 et 45 dans cet album (et 38 et 39 dans le précédent). Un nouvel album où les personnages sont très travaillés, où les relations parfois complexes entre eux sont un très bon support scénaristique : aucune raison de se priver donc d'une très belle lecture, qui présentera autant d'intérêt narratif, visuel qu'historique !