Les Chroniques de l'Imaginaire

L'ombre du conquérant (Corvis Rebaine - 1) - Marmell, Ari

Le royaume d'Imphallion subit l'avancée du belliqueux et effrayant Corvis Rebaine, qui pille les villes sur son passage en vue semble-t-il de s'emparer de la capitale. Pourtant la stratégie qu'il emploie à Denathere met ses troupes en danger, comme si dans cette ville se trouvait le véritable enjeu de sa campagne. C'est effectivement le cas. Corvis est en quête d'un précieux grimoire, celui d'un magicien des temps anciens, qui avait concoté des formules capables de rendre quiconque les utilisait surpuissant. Mais le grimoire est codé, et Corvis, défait, s'évanouit dans la nature, en ayant au préalable pris une jeune fille en otage pour assurer sa sécurité.

Dix-sept ans plus tard, Corvis est marié à cette jeune fille, Tyannon. Ils vivent à l'écart d'un petit village, avec leurs deux enfants. Corvis n'étais pas un monstre sanguinaire, il se devait d'effrayer les populations pour parvenir à ses fins, prendre le pouvoir du pays et le remettre sur les bons rails. Depuis son échec sa vie a repris un cours normal. Jusqu'à ce qu'un nouvel ennemi du royaume se manifeste : Audriss, dit le Serpent. Cet homme, portant un costume aussi effrayant que celui de Corvis en son temps, semble suivre exactement le même parcours que "la Terreur de l'Est". Sait-il ce que cherchait Rebaine ? Corvis n'a d'autre choix que d'essayer de rallier à lui ses anciens compagnons de campagne, et stopper Audriss.

Ce roman réunit tous les ingrédients indispensables de la fantasy en leur donnant un soupçon d'originalité bienvenue. La magie est très présente, car les deux ennemis ont en commun l'appui d'un bijou magique, contenant en son sein un démon d'une aide précieuse mais contrainte. Leurs alliés ont également des pouvoirs qui s'avéreront bien utiles pendant les combats. Ces combats sont d'ailleurs bien décrits, s'attardant sur les faits décisifs sans s'épancher des pages et des pages sur les batailles. C'est d'ailleurs ce qui fait que ce roman se lit aussi bien. Les évènements s'enchaînent sans temps mort, et les nombreux dialogues donnent de la vie au récit. Le ton employé est bien équilibré, plein d'humour et de sarcasmes dans les dialogues, mais posé dans le récit, par ailleurs très bien écrit et traduit. Un des gros points forts de L'ombre du conquérant est l'effet de surprise : à plusieurs reprises je ne me suis pas attendue à ce que les évènements prennent un tournant radical, ou à ce qu'un indice laisse deviner qu'il y avait anguille sous roche. Par instants j'ai même eu le sentiment de lire de la fantasy à la sauce polar, et cela m'a beaucoup plu. Le narrateur fait aussi des incursions dans les deux camps, nous savons donc plus ou moins ce qui se trame chez Audriss, chez Corvis, mais aussi chez le régent, qui subit directement la menace du Serpent. Les liens qui se tissent entre ces trois camps apportent un intérêt de premier ordre à la qualité de l'intrigue.

C'est donc une bonne surprise que ce premier volet du cycle Corvis Rebaine ! Je précise par ailleurs que c'est un tome qui se lit très bien seul, il y a clairement une fin, le lecteur n'est pas laissé dans l'expectative. Même si un indice suggère que Corvis n'en a pas tout à fait terminé...