Les Chroniques de l'Imaginaire

Si seulement ? (Si seulement - 2) - Rodolphe & Chabane, Lounis

Joe Horton a à nouveau franchi une porte, mais il semble que ce ne soit toujours pas celle de chez lui. Pour l'instant, il est en prison. Il n'est plus ni écrivain ni chanteur de Rock. Il est juste Joe, un gars qui n'a personne à contacter pour le sortir de là. Heureusement qu'un homme venu faire des démarches le reconnait. Parce qu'il est le Joe de "Chez Joe", sur la route 211. Du coup, comme il n'est pas un client méchant, on le laisse partir. Effectivement, il a un bar, une femme, Maryna, et il semble tolérer qu'un gars dirige sa maison pour lui, en plus de partager le lit de sa femme. Mais qui est ce Joe lâche et qui s'écrase comme une merde devant tout le monde ? Un journal intime caché dans sa chambre l'aidera peut-être à comprendre qui il est dans cette nouvelle réalité. Mais la vérité risque d'être peu agréable à lire. Il va donc falloir chercher à partir au plus tôt pour retourner chez soi, mon cher Joe.

Si seulement… nous avait pas mal scotché avec son premier tome original et inventif. Se poser des questions sur sa vie et se demander ce qu'on voudrait changer, au risque de finalement tout bouleverser, était une chose intelligente, qui permettait en plus au lecteur de s'approprier l'histoire avec beaucoup de facilité et d'envie. Le questionnement est moins présent pendant ce deuxième tome, puisque les bases sont déjà posées. Mais, on a quand même envie de savoir ce qu'il va advenir de notre Joe. Parce qu'on ne peut pas dire que ses autres vie parallèles soient pour l'instant bien reluisantes. Celle dans laquelle on le retrouve est même pourrie et sans saveur. Cela change du tout au tout avec celle de star du Rock ! Et c'est aussi là la force du récit, de ne pas s'enliser dans le déjà vu ou le déjà dit. Rodolphe manie le suspense sans aucune fioriture à la perfection. Parce que ce tome ne se lit pas, il se dévore. On veut savoir, on veut comprendre.

Lounis Chabane fournit toujours le même style de travail, épuré. Seulement, là où ça m'avait dérangé dans la lecture du premier tome, c'est bien passé ici. Sans doute parce que je savais à quoi m'attendre. Et puis, il arrive quand même à faire passer les choses essentielles avec son trait : les émotions. Les visages sont très expressifs, sans être caricaturaux. On a donc un dessin vivant. La lassitude et la mollesse de notre nouveau Joe nous sautent aux yeux. Un bon travail.

Vous remarquerez peut-être que le titre de la série change quelque peu. La ponctuation de fin sera différente à chaque tome. Mais ce n'est pas ça qui nous empêchera de bien en profiter et d'attendre la fin avec impatience.