Decourt se réveille, amnésique. Dans la pièce quasi vide, un interlocuteur : le mystérieux Monsieur R. La conversation s'engage. Pour aider Decourt à retrouver ses souvenirs, R commence à lui raconter sa journée de la veille, avec ses expériences improbables. Entre les deux hommes, le courant ne passe pas très bien, mais Decourt s'accroche, décidé à comprendre. D'autant que R lui a annoncé que juste avant de perdre la mémoire, il avait été prévenu de l'imminence de sa mort. L'assassin attend son heure...
Curieux roman que voilà. Pour la forme, l'auteur David Nava avoue s'être inspiré de Cosmétique de l'ennemi, le roman dialogué d'Amélie Nothomb. Effectivement, le point commun est évident. Outre le principe du dialogue quasi ininterrompu, on y retrouve aussi les réparties du tac au tac, l'assaut d'érudition entre les deux interlocuteurs (mais sans assommer le lecteur de mots savants), leur antipathie profonde, ainsi qu'un humour noir omniprésent basé sur les jeux de mots. A la longue, ça pourrait lasser, car c'est souvent un peu forcé ; vu le format court de l'ouvrage (à peine 80 pages), c'est plutôt réjouissant.
Si Decourt n'est pas forcément très sympathique, sa situation ne peut que parler au lecteur, tout aussi exaspéré que lui par les dires de Monsieur R : mensonges ou vérités ? et que cache-t-il ? Le mystère ne se dévoile que petit à petit, gardant un certain suspense. Quant au prénom de Decourt qui change entre le début du récit et la fin, je n'ai pas su décider s'il s'agissait d'une erreur de relecture, ou d'un effet secondaire de l'amnésie du personnage...
Pour un premier roman, c'est une réussite.