Les Chroniques de l'Imaginaire

L’héritage et autres nouvelles - Hobb, Robin

L'héritage et autres nouvelles est un recueil qui compile diverses nouvelles (neuf dans la version française, la dixième, Retour au pays, ayant été publié indépendamment il y a de cela quelques années) de Robin Hobb et, surtout, Megan Lindholm, qui sont deux facettes distinctes d'une même auteure. On connait la première pour ses séries L'assassin royal, Les aventuriers de la mer ou encore Le soldat chamane. La seconde s'est illustré avec, entre autre, la série Ki et Vandien. La première prend le temps de poser ses personnages et son ambiance, la seconde aime écrire des histoires plus rapides, racontées d'une manière plus classique. Le recueil est donc scindé en deux parties : la première consacrée à Megan Lindholm contenant sept nouvelles et la seconde qui n'en contient que deux. À chaque fois, une nouvelle est introduite par l'auteur qui essaye de la resituer dans son contexte d'écriture.

Une note de lavande est la plus longue des nouvelles de Megan Lindholm, et elle ouvre le recueil. C'est une histoire de science-fiction qui parle d'amour entre les peuples, même si ceux-ci ne sont pas de la même planète. C'est une histoire dure, touchante, et qui pose de véritables questions sur l'amour et les responsabilités. La Dame d'Argent et le quadragénaire est une nouvelle que Megan Lindholm a écrite pour son mari. Comme elle l'explique, son mari n'a plus le droit de lire quoi que ce soit d'elle, même quand c'est publié, parce qu'il arrive systématiquement à retrouver un quelque chose de leur propre vie dans les écrits de son épouse. Mais, elle a fait exception à cette règle dans cette nouvelle qui, si elle se lit agréablement, n'est pas la meilleure du recueil. C'est une histoire fantastique avec de la magie qui, je trouve, maque d'ambition. Coupure est une histoire terrible. Elle parle de la stupidité de suivre des modes aveuglément sans se poser de questions, mais elle parle aussi et surtout du droit que l'on a à faire ce que l'on veut de son corps. Peut-on tout autoriser ? Doit-on interdire certaines pratiques à nos proches, même si elles sont légales par ailleurs ? Le cinquième chat écrasé, sous des couverts de fantastique (un peu dégueu, il faut bien le dire), nous fait comprendre que nous ne sommes pas tous fait pour faire les mêmes choses dans la vie. Et qu'il ne faut pas avoir de regret vis-à-vis de ça. J'ai trouvé l'idée de base, de ce cinquième chat écrasé, très bien pensée. Après, le traitement en lui-même est un peu naïf, je pense, peut-être pas assez poussé. Chats errants fait une nouvelle fois intervenir des chats. Cela raconte une amitié entre deux jeunes filles, une amitié que la mère de l'une ne voit pas d'un très bon œil. On va y découvrir que les apparences ne sont pas forcément trompeuses et que si on ne détournait pas le regard quand les choses nous dérangent, on pourrait sans doute éviter pas mal de tragédies. Finis revisite le mythe du vampire. J'avoue que, même si j'ai bien aimé l'écriture, je n'ai pas trouvé un véritable intérêt à la manière dont le sujet est traité. Enfin Boite à rythmes clôt la partie de Megan Lindholm, où comment un succès prometteur se transforme en un immense gâchis quand on se prend pour une star et qu'on n'en est pas une.

S'ensuive deux nouvelles de Robin Hobb. Une qui se passe non loin de Terrilville où une jeune femme, expulsé par sa famille de la maison de sa grand-mère au décès de celle-ci alors que c'est elle qui s'occupait de la vieille femme depuis deux ans, va découvrir son héritage et avec ce dernier réussir à laver l'honneur de sa famille. Il y a sans doute moins de messages dans les histoires de Robin Hobb, du moins pas de manière aussi visible et directe que dans celles de Megan Lindholm, mais voir cette femme essayer de simplement retrouver sa dignité est beau. Pour conclure, Viande pour chat se passe dans les Six Duchés. Une femme va devoir lutter contre le père de son enfant, qui les a abandonné alors que le petit n'était même pas né et qui revient maintenant à la maison comme si de rien n'était. Quand je lis du Robin Hobb, j'ai souvent envie de baffer ses personnages à cause de la manière dont ils se comportent. Ils sont souvent naïfs ou bien encore pestes, et cela déclenche chez moi des réactions épidermiques. Mais c'est aussi ça que j'aime chez cette auteure. Et cela a été une nouvelle fois le cas avec cette Romarin. Elle sait ce qu'elle ne doit absolument pas faire, mais pour essayer de faire au mieux pour tout le monde, elle va finalement prendre de grands risques. En tous cas, j'ai adoré cette dernière nouvelle, qui clôture parfaitement un recueil qui, s'il n'est pas constant dans la même qualité, se lit avec beaucoup d'envie et de plaisir.