Les Chroniques de l'Imaginaire

Nocturne, les charmes de l'effroi (Nocturne, les charmes de l'effroi - 1)

Après le départ de l'éditrice du fanzine québecois Nocturne, Sébastien Mazas a repris le flambeau en important l'âme de la revue en France et en la remaniant à sa sauce. La ligne directrice reste inchangée : horreur, épouvante et fantastique. Le fanzine se présente sous forme d'un recueil de nouvelles abordant un thème commun, suivi d'une chronique-analyse de l'écrivain Michaël Moslonka sur le thème en question. Puis suivent les biographies des participants.

Ce numéro a pour thème "Encre et ténèbres".

Curiosité malsaine de Syven : ambiance gothique pour cette première nouvelle. Le couple Prue habite à côté d'une grande maison abandonnée, lorsqu'une riche locataire vient enfin invstir les lieux. Mais cette nouvelle venue est mystérieuse, peu loquace, et laisse sur son sillage une étrange malédiction.

Encrée de Hélène Boudinot : un écrivain travaille pour la Corporation. Son métier consiste à faire vivre aux clients leurs rêves en les couchant sur papier, à l'aide d'une encre spéciale. Mais lorsqu'il se réveille avec un tatouage réalisé avec cette encre, le cauchemar commence...

Ca vous court sous la peau de Samia Dalha : un mal étrange sévit dans la ville. Des personnes tout à fait équilibrées se mettent à tuer un proche, et n'éprouvent aucun regret, bien au contraire. LaBianca flaire une piste et mène l'enquête, à ses risques et périls. J'ai beaucoup aimé cette nouvelle. La fin est prévisible mais le récit est mené efficacement.

L'homme au roman de Alice Ray : la nouvelle que j'ai préférée, écrite par une jeune fille de dix-neuf ans. Un homme enferme des femmes dans le seul but de les faire écrire. A longueur de journée elles rédigent des pages, encore et encore, avec pour obligation d'avoir pour personnage une femme prénommée Samy. Mais elles vont découvrir que leurs mots ont un pouvoir. La nouvelle prend un tour inattendu, qui m'a beaucoup plu.

Un sang d'encre de Frédéric Gaillard : l'histoire d'un éditeur étrange, qui semble immortel, gardien d'oeuvres majeures et d'amitiés précieuses. Il estime qu'il est temps de se trouver un remplaçant. C'est une nouvelle peu palpitante mais très poétique, qui se lit avec plaisir.

Jour de colère de Bernard Weiss : une famille est contrainte de déménager en permanence, mais au départ la raison n'est pas invoquée. On comprend vite qu'il n'est pas bon mettre leur petite fille en colère.

Vision nocturne de nos maux de Michaël Moslonka : à travers une chronique succinte et pertinente, l'auteur s'attache à démontrer que "l'encre sert à domestiquer la noirceur qui gouverne notre monde". Ecrire est un acte de résistance face à l'obscurantisme moderne, et aide à appréhender les peines que nous accumulons en silence, que nous exorcisons par l'écriture.

Dans l'ensemble ce premier numéro est très plaisant. Les nouvelles sont variées et les illustrations qui viennent agrémenter la publication cadrent bien avec le thème et/ou les nouvelles. La part de réflexion amenée par la chronique de fin est également la bienvenue. Un bon début pour ce fanzine revisité.