Une après l'autre, plusieurs jouvencelles sont retrouvées baignant dans le sang, mutilées. L'odeur capiteuse d'un élixir aphrodisiaque, portant le nom évocateur de Sang d'Aphrodite, flotte encore dans l'air et forme la signature du tueur, qui a égorgé ses victimes après les avoir séduites. Le prince Vladimir charge son loyal boyard Artem de l'enquête.
Cette nouvelle enquête de l'habile boyard nous plonge dans l'ancienne Russie du XIe siècle, à Tchernigov. Hormis quelques éléments effectivement dépaysant comme le tutoiement généralisé ou l'emploi récurrent de la formule de politesse "n'ordonne pas de me châtier, mais ordonne de me pardonner", l'époque et le lieu ne jouent pas un grand rôle dans l'affaire. L'auteure nous régale cependant de détails sur les tenues des personnages ou leurs repas.
On découvre une intrigue policière en bonne et due forme, avec des indices qui s'accumulent peu à peu entre les mains de l'enquêteur (et du lecteur). Elena Arseneva prend soin de lancer maintes fausses pistes, plusieurs protagonistes hauts en couleurs cachant quelques sombres secrets, pour ne dévoiler le coupable que dans les dernières pages.
L'enquêteur Artem, assisté de ses deux fidèles Varlets Mitko et Vassili, cède souvent sa place centrale dans le récit à son fils adoptif Philippos : il faut dire qu'à seize ans, le fougueux adolescent est en âge de tomber follement amoureux, intégrant ainsi le cercle des victimes (de jeunes coquettes) et des suspects (principalement leurs soupirants). On prend grand plaisir à suivre ce jeune homme trop ardent qui brûle de faire ses preuves, mais aussi de séduire une jeune charmeuse aux humeurs changeantes. D'ailleurs Artem, pourtant généralement maître de ses émotions, va également laisser parler son coeur dans cette enquête.
L'enquête est prenante mais non dénuée d'une pointe d'humour. Les pages défilent sans que l'on s'en rende compte jusqu'à un final que seuls les lecteurs les plus perspicaces auront anticipé. Que demander de plus ?