Nous sommes en 2015, et l'effervescence est de rigueur aux Etats-Unis. Et plus particulièrement dans la ville de Houston, au Texas. L'Amérique de Barack Obama s'apprête à recevoir la visite du tout nouveau pape, Nelson premier du nom. Ce pape a une particularité de taille par rapport à ses prédécesseurs. Pour la première fois, le pape est un homme noir de peau. En outre, l'homme est sympathique, charismatique, relativement jeune (quarante huit ans). Bref, il a tout pour plaire, avec des idées novatrices, et la comparaison avec le président américain est vite faite dans la presse.
Alors, on vient de tous les Etats-Unis pour venir à Lakewood church, la plus grande église des Etats-Unis. La sécurité est sur les dents, et toutes les caméras du monde sont braquées sur cet évènement sans précédent. Pourtant, l'impensable arrive... Alors que le saint-père a commencé son homélie, des coups de feu ont retenti, et le pape s'est effondré. La foule est en émoi et en panique, et c'est maintenant sur les policiers qui couvrent l'incident que le monde a les yeux tournés.
Trois personnes ont été arrêtées, chacune en détention d'une arme à feu. On y trouve un jeune étudiant, puis deux anciens marines. Les interrogatoires sont menés par Morgan Jackson, un ancien alcoolique noir, et Leslie Forge, une jolie jeune femme aux réactions pour le moins sanguines. Les flics sont au taquet, avec une pression qui leur est mise quasiment en direct, par Obama en personne... Il est clair qu'il faut rapidement un coupable dans cette affaire, quitte à revivre un nouveau Lee Harvey Oswald...
Le décor est planté pour ce nouveau one-shot de Will Argunas dans la collection KSTR de Casterman (notamment après le très bon Missing). Le lecteur est de nouveau plongé au coeur des Etats-Unis, plus particulièrement dans un évènement sans précédent, et surtout tout à fait crédible et possible. Et c'est cette crédibilité qui fait bien évidemment toute la richesse du récit développé ici.
D'un point de vue narratif, le rythme est excellent, mené à tambours battants, avec des passages courts : on passe des épisodes journalistiques aux enquêtes policières, en s'attardant parfois sur le lourd passé de Jackson. On fait la rencontre de trois suspects qui pourraient tous être le tueur, avec une lisibilité très facile à chaque fois. Graphiquement, Will Argunas garde son trait précis, qui fait la part belle aux nombreuses expressions. Les couleurs sépias utilisées en quasi-intégralité font mouche dans cette lisibilité, et renforcent le rythme narratif.
Un très bon one-shot dans cette collection, à la fin pour le moins inattendue, ce qui ne fait que renforcer tout le bien que j'en pense : à découvrir, notamment si vous ne connaissez pas encore cet auteur !