Ce recueil de nouvelles regroupe des textes exhumés des archives Nabokov, qui ont ensuite été publiés aux Etats-Unis dans The New Yorker, au cours des années 1990. Bernard Kreise a traduit les nouvelles suivantes d'après les textes originaux, en russe :
Natacha : une jeune fille passe son temps au chevet de son père, gravement malade. Pensant qu'il commence à aller mieux, elle s'accorde une escapade à la campagne avec son élégant voisin de palier, afin de profiter d'une après-midi d'insouciance.
Le mot : c'est la nouvelle la plus poétique du recueil, une nouvelle qu'il m'est impossible de résumer sous peine d'en briser le charme. Sachez simplement qu'il s'agit d'un rêve, et que la beauté y est omniprésente.
Bruits : un homme aime une femme, déjà mariée. Ils passent du temps ensemble, devant les gens, pensant qu'ils n'y voient que du feu. Cette nouvelle met en avant un amour illusoire, qui réside dans le caractère libre et éphémère d'une relation adultère.
La vengeance : un homme est certain que sa femme le trompe, et décide de se venger sournoisement. Une nouvelle d'un cynisme éprouvant, et en même temps terriblement plaisante à lire.
Bonté : une nouvelle empreinte de mélancolie, soulignée p'ar l'utilisation de l'imparfait. Un homme espère sans trop y croire que la femme qu'il aime viendra au rendez-vous fixé.
Ces cinq nouvelles sont toutes tragiquement magnifiques. Pas une ne dénote en apportant un bonheur absolu, au contraire, les moments heureux semblent n'exister que pour être punis. Elles sont paradoxalement tristes par le contenu et très belles dans l'écriture. En entrant dans l'univers de Nabokov, du moins dans ces nouvelles en question, on entre dans un monde où les mots ont des couleurs, des sons, des odeurs. Les phrases regorgent de sensations, et malgré le caractère inexorable et injuste des dénouements, on sort de chaque texte avec un sentiment d'accomplissement, car nous avons vécus la nouvelle de toute part. Une très jolie lecture.