Londres, 1899. Sir Theodore Jolicoeur Poppins est le gardien d'un immense parc où sont accueillies les créatures magiques qui ont oublié où se trouvent les portes du royaume d'Outre-Songe. Dragons, homme-loups, sirènes et centaures se côtoient dans les 560 hectares de ce parc divisé en zones correspondant le mieux à leur habitat naturel. Mais ces êtres faes sont en danger : la Guilde des faucheurs de songe, à l'origine du massacre qui a conduit Pan à mettre à l'abri les créatures magiques en Outre-Songe, s'attaque de nouveau aux survivants...
Theodore Poppins confie ses observations à son Orakilum. Il a peur pour les créatures qu'il protège, aime et respecte. C'est alors qu'un messager-corbeau lui confie la garde d'un nouveau pensionnaire. Enseveli dans un cercueil rempli de terre et couvert d'une abondante végétation, le nouveau venu semble plongé dans un sommeil mortel. Poppins va pourtant finir par trouver le moyen de le réveiller, et découvre que cet être hybride n'est autre que Sir Elian Black'Mor, aventurier, observateur de dragons, un humain transformé par Pan en Passeur de songes... C'est peut-être en lui que repose la clé de la survie des êtres féeriques contre les attaques de la Guilde.
Après le bel ouvrage Sur la piste des dragons oubliés, on a de nouveau des nouvelles d'Elian Black'Mor. J'ai été un peu déroutée, mais surtout vite séduite, par le fait que ce second tome soit narré par un autre personnage (le gardien du parc). Pendant une bonne moitié du livre, il semble même que Black'Mor ne soit qu'un personnage secondaire, même s'il va se révéler avoir un rôle capital dans l'intrigue. Le premier tome m'avait dérangée par le côté décousu de son intrigue. Dans Les maudits, il y a enfin bel et bien une histoire, une histoire qui tient la route et que l'on suit avec plaisir. J'ai beaucoup apprécié ce nouvel aspect. Mais c'est toute la première partie - la présentation du parc, de son histoire, de son architecture et de quelques uns de ses habitants - qui m'a totalement charmée. L'univers créé par le duo Carine-M et Elian Black'Mor est en tout point surprenant et merveilleux. Les illustrations, plus encore que dans Sur la piste des dragons oubliés, m'ont subjuguée. Les couleurs sont magnifiques, le trait à la fois précis et presque brumeux... Mais c'est surtout l'ambiance qui se dégage des compositions et des visages des personnages qui est incomparable : un mélange de grande sagesse, de mélancolie, des regards insondables... Ces créatures semblent vivantes, à la fois inaccessibles et placées là presque à portée de main. J'avais admiré l'esthétisme soigné de Sur la piste des dragons oubliés. Là, je suis vraiment ébahie par la tournure plus profonde, plus fouillée, qu'ont pris le texte comme les illustrations. Bravo aux deux auteurs !