Le jeune Nick Carraway a pour voisins d'un côté un certain Jay Gatsby, dont il ignore tout sinon qu'il donne des fêtes tapageuses qui attirent un monde fou, et d'un autre côté une cousine, Daisy, mariée à l'un de ses anciens condisciples, Tom Buchanan. Il apparaît peu à peu que Tom a pour maîtresse une femme malheureuse en ménage, et que Daisy et Gatsby se sont bien connus avant le mariage de celle-ci.
Il n'y a rien d'étonnant à ce que ce roman ait eu un tel succès, quand on considère d'une part le style superbe, à la fois lyrique et épuré, avec des sortes de fulgurances froides ; d'autre part les personnages, tous intéressants, ciselés avec un talent consommé, depuis cette espèce de gangster qu'est Meyer Wolfshiem jusqu'au veule et tragique Wilson ; enfin, l'auteur y dépeint un monde à la fois irrémédiablement disparu et toujours actuel. En effet, le vain désir de revenir en arrière, de rattraper ce qu'on a fait mal ou pas du tout, est une constante de l'être humain. Quant au personnage de Gatsby, avec toutes ses facettes, il est sans doute sauvé par sa fin tragique, et plus encore par l'abandon ignoble d'une petite Yseult sans envergure. Si la critique sociale d'une bourgeoisie bien précise, d'une époque déterminée, est bien sûr périmée, par bien des aspects ce petit bijou n'a pas pris une ride.