Les Chroniques de l'Imaginaire

Le coeur à l'ouvrage (Le tueur - 10) - Matz & Jacamon, Luc

L'entreprise d'extraction de pétrole cubain semble plutôt bien fonctionner pour le tueur et ses deux amis. Ils se sont répartis différents rôles dans l'ombre : négociation, assurance, sécurité... Sont-ils en train de se transformer en bureaucrates ? Pour Mariano le pétrole est synonyme de politique. Il en profite pour lâcher le business de la drogue afin de donner une orientation un peu plus légale à sa carrière.

Quoique sa notion de légalité lui est assez personnelle. Le tueur et Haywood s'occupent, eux, des ressources humaines. Surtout des ressources humaines des services secrets américains. Leur méthode est peu orthodoxe et toujours aussi radicale : pour limiter les risques qui pèsent sur leur business, ils utilisent pistolet, pistolet mitrailleur et bazooka... Ils ont beau toucher un salaire chaque mois, ils ont toujours du mal à rentrer dans des cases...

Avec ce nouvel épisode, Matz continue de jeter un regard ironique sur notre société occidentale : quelle est la face cachée du pétrole que nous utilisons chaque jour, comment passons nous notre temps libre, pourquoi restons nous passif derrière notre bureau. Il nous donne l'impression que notre univers quotidien n'est qu'une façade derrière laquelle il n'y a que menaces, pressions et meurtres.

Lors ce dernier opus de la saga pétrolière, on boucle une grande boucle démarrée au tome 1 : notre "héros" revient à Paris. Il n'est plus suicidaire. Il est là uniquement pour le business. Et pourtant, pour la première fois en dix tomes, quelqu'un donne un prénom à notre tueur ! C'est tellement rare qu'on a du mal à s'imaginer que c'est anodin. La suite de la saga risque sûrement de se tourner vers le passé et la famille de notre tueur. Connaissant Matz cela risque de se faire de manière explosive en laissant des traces. On a hâte de retrouver la prochaine explosion.

Jacamon nous régale toujours autant avec son trait épuré et stylisé si unique. On sent qu'il a pris un vrai plaisir avec les magnifiques couleurs des paysages extérieurs. Rares sont les personnes qui lui arrivent à la cheville. Il a atteint une vraie maturité. Et cerise sur le gâteau, il augmente la cadence de ses productions, tout en gardant le même niveau de qualité. C'est le bonheur ! Pourvu que ça dure le plus longtemps possible...