Les Chroniques de l'Imaginaire

Croque-mort (Tony Chu, détective cannibale - 3) - Layman, John & Guillory, Rob

Tony Chu le cibopathe a rencontré Amelia Mintz la saboscrivneuse lors de sa dernière mission sur l'île de Yamapalu. Du coup, ils sortent parfois ensemble, mais cette fois-là, ça ne sera pas une partie de plaisir quand elle va se retrouver en robe de soirée et couverte de sang sur les épaules et le visage.
Mais revenons un peu en arrière. Quelques vingt mille ans plus tôt, des tigres à dents de sabre étaient en train de manger un mammouth quand un chasseur les attaqua. Malgré sa dextérité, il ne put venir à bout des félins.
Mais le saut dans le temps était peut-être trop important. Tony Chu est avec son collègue John Colby dans leur bureau de la RAS. Tony potasse un bouquin sur les vampires (pour le boulot, bien sûr) quand arrive Applebee, leur chef. Ce dernier, qui hait pourtant Tony, lui pose des questions sur sa prothèse d'oreille et sur sa lecture. On sent qu'il veut quand même s'énerver, parce que tout ce que fait Tony le rend dingue, mais il se ressaisit tout de suite. Et le duo est appelé sur une scène de crime.

Un palefrenier a été retrouvé assassiné dans les écuries du champ de course. Pourquoi forcément assassiné ? Disons que quelqu'un assit sur une chaise, les mains attachées dans le dos, défiguré et avec une martre pygmée à queue grise dans la bouche (qui ressemble à un gros rat), on se doute que l'accident est à écarter tout de suite, de même que le suicide. Heureusement que John a maintenant des gadgets bioniques ultra performants, ce qui va éviter à Tony de devoir goûter la martre pour avancer dans l'enquête. Une enquête qui va les emmener dans un milieu totalement fait pour Tony et Amelia.

Retrouver les aventures de Tony Chu, détective cannibale devient, tome après tome, un rituel que l'on savoure. L'univers est toujours déjanté et décalé, l'humour noir et cynique et les enquêtes tombent toujours à point. Comme on peut s'en douter avec la couverture Savoy va revenir. Je ne vous en dirais pas plus, mais cela vaut le détour. Et puis, il y a cet élément nouveau dans l'histoire : Amelia. Elle apporte beaucoup dans la dynamique du scénario et crée même des situations compliquées. C'est vraiment bien orchestré ; John Layman a son univers parfaitement en main et il sait comment attirer l'attention des lecteurs. Il se paye même le luxe de faire de l'humour avec sa construction de récit en précisant bien que ce qu'on lit comme une page une est en fait la page dix-huit, que tout a été mis dans le désordre. Et vous savez quoi ? Ça fonctionne à merveille. Rob Guillory officie toujours avec son style graphique unique, très cartoon et pourtant terriblement comic. Son trait est bon, ses couleurs sont bonnes. Il forme une paire parfaite avec son compère.

Si ce n'est pas encore fait, je vous conseille de vous mettre tout de suite à Tony Chu, détective cannibale. C'est bon, c'est frais, c'est vivifiant… pas pour rien que la série a obtenu deux années de suite (2010 et 2011) l'Eisner Award de la meilleure série.