Nous sommes à Florence, en 1527. Niccolo Machiavel est bien mal en point, et il est résolu à raconter son histoire, avant de finir par succomber à une trop grande ingestion de camphre. Il nous amène donc en 1498, l'année où tout a commencé. Machiavel est alors bien jeune et vaillant. C'est un homme que le pouvoir attire, et c'est quelqu'un de rusé et intelligent, qui est actuellement jeté en prison comme un malpropre. Il y fait la connaissance d'un prêtre jadis très puissant, en la personne de Savonarole.
Cela fait des années que Savonarole musèle Florence, et empêche ses habitants de se lâcher... Son aura est maintenant passée, et le prêtre est condamné au bûcher. Avant cela, il remet un pendentif représentant la vierge à Machiavel, lui donne des instructions très claires sur la façon dont il pourra être au courant de mille secrets destinés à alimenter les veilleurs, une société secrète qui oeuvre dans l'ombre du pouvoir, et qui fait tout pour infléchir les décisions de ce dernier...
Machiavel est bien vite libéré de prison, après avoir promis au prêtre qu'il viendrait lui montrer une dernière fois le pendentif, avant que le bourreau n'allume le bûcher. Mais Machiavel est un homme qui aime les femmes. Il s'abandonne dans les bras de l'une d'elle au moment où Savonarole est exécuté : qu'importe les délires d'un condamné à mort, finalement... Alors, durant des années, Machiavel tutoie le pouvoir, en travaillant tantôt pour le pouvoir officiel, tantôt pour les veilleurs, notamment avec trois êtres qui sont à leur tête.
Machiavel demeure le gardien du registre de tout ce qui s'échange entre le pouvoir et les veilleurs, et il est le seul à savoir que le registre en question est caché dans un bordel de Florence où il a ses habitudes. Alors lorsqu'il voit un message de menace qui lui est adressé dans le registre, il panique dans un premier temps, puis ne tarde pas à imaginer la contre-attaque envers le traître parmi les trois têtes des veilleurs.
Nous en sommes au second tome de cette série, après un premier tome très réussi consacré à Jérôme Bosch, le peintre du roi. C'est Bruno Rocco qui est en charge du dessin de ce tome, avec Claudia Chec qui colorise. Graphiquement, nous avons un dessin très bon, qui relève les visages et les expressions noires, nombreuses dans ce tome. Les scènes d'action sont par ce biais bien mises en mouvements, en faisant tourner à plein régime l'imagination du lecteur.
La narration est complexe et fouillée : comme pour le premier tome, il ne faut pas s'attendre à pouvoir parcourir ces pages sans une attention complète lors de la lecture. Le vieux Savonarole tire les ficelles même après sa mort, et les évènements s'enchaînent avec bonheur pour nous conter cela. On retrouve les signes cachés ici ou là, comme ce qu'on a pu croiser dans les tableaux de Jérôme Bosch dans le premier tome. Ces derniers sont en tout cas intelligemment utilisés dans le scénario, hissant ce tome à la hauteur de son prédécesseur.
Une série étonnante et intelligente, qui démarre de très belle manière avec ses deux premiers tomes !