Voici enfin le second tome de ce diptyque tant attendu d'Agnès Maupré. Alors qu'on l'avait laissée, à la fin du tome 1, abandonnée et abusée par d'Artagnan et déterminée à se venger, on découvre dans cette suite la manière dont cette femme de tête fait appel au cardinal de Richelieu pour obtenir sa vengeance, manipulant les hommes comme des pions, kidnappant Constance Bonacieux et s'en faisant une amie pour mieux l'empoisonner ensuite. Mais au cours de ses complots, Milady se retrouvera face à son passé, face à Athos, qui la croyait morte, et face à son beau-frère qui tentera de la faire déporter pour éviter qu'elle ne s'en prenne au duc de Buckingham.
Alors que la plupart des adaptations, tant littéraires que cinématographiques, mettaient l'accent sur le diabolisme de cette femme et en faisaient l'antithèse de la pure et innocente Constance, ici, c'est le côté humain de Milady qui est avancé, son passé qui a fait d'elle une louve prête à tout. On la voit ainsi blessée par d'Artagnan et celui-ci conspué par ses comparses qui lui reprochent son comportement indigne d'un gentilhomme, on la voit émue par son fils, amie avec Constance et déterminée à survivre coûte que coûte, sacrifiant peu à peu cette humanité pour obtenir réparation.
C'est l'épilogue qui révèle définitivement la volonté de l'auteur de faire de ce personnage honni une femme de coeur, en montrant la détresse de son fils qui finit, enfin, par l'appeler Maman au lieu de Milady.
Un très bel ouvrage, servi par un trait et des couleurs délicates, tout à fait appropriées au style et à l'époque, pour restituer des personnages humains et finalement très modernes.
