1450. Alors que chacun essaie de panser ses plaies après la guerre de cent ans. Jacques Moroges, chevalier héritier d'un domaine bourguignon, tente de se construire un avenir. Depuis que son père est porté disparu, sa mère Aliénor, femme de caractère, trouve la protection du baron Thibault de Meulcey. Or une série de meurtres vient perturber cette frêle paix. Les corps de deux jeunes filles sont retrouvés, fouettés, mutilés et peint l'une d'un rouge écarlate, l'autre d'un bleu pastel, une croix est déposée à leur côté. Aidé par un médecin arabe réputé, Jacques Moroges et son compagnon Charles se mettent au service de la vérité pour éviter d'autres crimes. Le chemin parait bien escarpé et les indices bien maigres au vu des atrocités perpétrées.
Joachim Sebastiano Valdez nous plonge dans l'univers incertain de la fin de la guerre de cent ans. Chacun aspire à retrouver une vie tranquille, même si la guerre a laissé bien des peines : familles endeuillées, misère et destruction. Cependant, la peur reste dans l'esprit de chacun et le pays ne semble pas encore bien sûr. Quand les dépouilles de deux jeunes filles sont retrouvées, la population revit, avec effroi, les horreurs des années passées. Est-ce luvre de quelconques barbares ou les ordres du souverain ennemi ? Le lecteur perçoit bien le sentiment d'insécurité, de méfiance traduit dans le contexte de ce roman.
Il est alors impérieux de découvrir le vérité. Entre en scène trois personnages. Ibrahim Ben Khader est un médecin réputé et fin enquêteur. Malgré ses origines arabes et sa pratique musulmane, il est écouté pour son expérience de la mort et des actes criminels. C'est à ses côtés que le jeune chevalier Jacques Moroges va s'initier à l'art des autopsies et de la médecine. Dans ses recherches, Jacques sera épaulé de son compagnon Charles, héritier du trône de Bourgogne et fin connaisseur des secrets de la guerre. Mais il partagera surtout ses découvertes avec sa cousine, instruite et passionné elle aussi de médecine. Entre preuves scientifiques et croyances religieuses, notre jeune enquêteur naviguera à travers les fausses pistes jusqu'à dénouer les liens d'un complot. Bien des événements qui mettent le lecteur en attente.
Les larmes des innocentes présente aussi une recherche sur les liens charnels que ce soit pour notre jeune puceau ou selon les murs du Moyen âge. Cet aspect du roman peut en étonner beaucoup. Cependant, il apporte, à la cruauté de l'enquête, une note d'humour et de détente. Voir ainsi un jeune homme découvrir les prémices du monde de l'amour attendrit quelque peu ou cependant amuse certains qui ont déjà passé ce cap. Quant aux leçons charnelles données, pourquoi ne pas se souvenir de la simplicité des attentions dans un monde où l'adultère est fréquent et les liens entre adultes compliqués.
J'ai apprécié cette uvre de Joachim Sebastiano Valdez aussi bien pour tous les rebondissements donnés à l'enquête que pour les moments rafraichissants sur les relations charnelles entre l'homme et la femme. Ce fut un bon moment passé au côté d'un talentueux mais naïf chevalier, abordant le monde des adultes.