Fugues, c'est un recueil de huit nouvelles indépendantes, mais formant toutes ensemble un choeur de voix de femmes qui continue à raisonner avec force une fois le livre refermé.
Lucky Chow Fun : Une jeune femme est retrouvée morte dans une chambre au-dessus d'un restaurant chinois, et la police découvre que le restaurant cache un bordel.
L. DeBard et Aliette : Une jeune fille handicapée de bonne famille s'éprend d'un champion de natation, poète et sans le sou.
Majorette : En quelques pages, le portrait de deux générations de femmes. La mère, mariée jeune parce que tombée enceinte, et sa fille.
Blythe : Une mère de famille noue une amitié solide mais destructrice avec une femme à la personnalité complexe.
La femme du dictateur : Un choeur de femmes prend la parole pour parler de l'épouse que le dictateur de leur communauté a ramené dans ses bagages.
Le partage des eaux : Deux amis d'enfance tombent amoureux une fois adulte.
Monsieur de Passage : Suite à la visite de sa petite-fille, une vieille femme plonge dans les souvenirs de sa première lune de miel.
Fugue : Dans un hôtel, une femme mystérieuse passe toutes ses journées enfermée dans sa chambre. Elle a une grave blessure à la cuisse qu'elle dissimule sous une chemise d'homme. Elle ne sait plus qui elle est...
De délicieux petits oiseaux : La France est occupée par les Allemands. Cinq reporters de guerre américains quittent Paris, leur reportage en poche, et demandent l'hospitalité sur la route.
Les ambiances, les lieux et les époques de ce recueil sont hétéroclites, mais on passe sans difficulté d'un univers à l'autre. Pas de nouvelles "à chute" dans Fugues, mais des tranches de vie dans lesquelles évoluent des personnages extrêmement bien construits. Chose rare pour un recueil de nouvelles, chacun de ces personnages possède une voix et un caractère aussi marquants que ceux des bons personnages de roman. Leurs histoires, si elles ne couvrent qu'une courte partie de leurs existences, semblent les résumer toutes entières. Lauren Groff a réussi à saisir dans chacune de ces neuf nouvelles ce qui fait l'essence de toute une vie. Pour cette raison, Fugues m'a souvent fait penser aux recueils de Joyce Carol Oates, qui possèdent le même don pour saisir l'insaisissable et le faire tenir dans une poignée de pages.
Je découvre Lauren Groff avec la lecture de Fugues, et je sais d'ores et déjà que je lirai dès que possible le reste de son oeuvre. Ses deux romans - Les monstres de Templeton (2008) et Arcadia (2012) - sont disponibles aux éditions Plon.
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