Les Chroniques de l'Imaginaire

Sin City

Basin City, surnommée Sin City, est une métropole où le vice, la violence et le péché ont élu domicile. Dans cet univers vicié, on va suivre le destin de trois hommes atypiques.
Marv est une force de la nature. D'une force incroyable, il ne craint pas beaucoup les coups. C'est une gueule cassée qui sort tout juste de prison. Passant une nuit avec une prostituée, Goldie, il la retrouve morte au petit matin. Il n'a pas le temps de réaliser que la police débarque déjà. Il n'a d'autre choix que de s'enfuir. Mais il se promet qu'il retrouvera l'enfant de salaud qui a fait ça à Goldie et que rien ne pourra entraver sa quête. Ou gare aux dégâts.

John Hartigan est flic. Certainement un des derniers à être encore intègre dans cette jungle merdique. Son coéquipier, Bob, n'est pas aussi clean que lui. John va d'ailleurs devoir l'assommer pour courir à la poursuite de Roark Jr, un criminel pédophile qui a enlevé cette fois-ci une jeune fille de onze ans du nom de Nancy Callahan. Roark est aussi le fils d'un sénateur et le neveu d'un cardinal. Autant dire qu'il se croit protégé. Mais Hartigan n'en a rien à foutre et il explose Roark, tout en le laissant vivant et en le privant de ses attributs virils à coups de flingue. Seulement, Bob n'est pas resté assommé suffisamment longtemps et sa loyauté va plutôt là où se trouve le pognon.

Dwight McCarthy est de retour en ville. Sa petite amie, Shellie, a encore des problèmes avec son ex, Jack Rafferty, un flic ripou. Quand celui-ci force la porte de son appartement, il trouve Dwight, prêt à en découdre. Après avoir fait fuir Jack et ses acolytes, il les poursuit jusque dans la vieille ville, aux mains de femmes prostituées aussi dangereuses que désirables. Jack, avec son côté macho exacerbé, ne va pas pouvoir s'empêcher de la ramener et de menacer une fille. Ce qui aura des conséquences terribles, pour tout le monde. Mais Dwight est de retour, et son camp est vite choisi.

Sin City est l'adaptation du comic de Frank Miller. Il a d'ailleurs activement participé à ce projet, quand Robert Rodriguez réussit à le convaincre qu'il était tout à fait possible d'adapter à l'écran son œuvre, sans la dénaturer, et sera crédité en tant que réalisateur. Effectivement, on a bien l'impression de voir un comic sur écran et pas une simple adaptation. Le film est tourné en noir et blanc avec des touches de couleur de temps en temps pour mettre en avant certains détails, comme la robe rouge de Goldie ou bien des couleurs d'yeux atypiques. Beaucoup d'effets sont utilisés, comme de rendre blancs les verres de lunettes de Kevin, et cela renforce encore plus cette impression de visionner un comic noir. Les effets sont bien visibles mais cela participe à l'ambiance de ce film, résolument hors norme. Les voitures ne bougent pas naturellement, les personnages se meuvent de manière quasi surnaturelle. On n'est pas du tout dans quelque chose fait pour être réaliste, bien au contraire, sans jamais rentrer non plus dans la science-fiction, même si on touche du doigt le fantastique par moment. Mais l'ambiance correspond plus à celle des romans noirs, comme l'atteste cette voix off. Tout en ayant un profond fond de violence, avec laquelle le spectateur est quand même en retrait vu que tout le film ne fait pas réaliste.

Je pense qu'il ne peut y avoir que deux façon de voir le film : on aime ou on n'aime pas. Il est tellement hors norme qu'il n'y a pas d'autre alternative. Les intrigues entrecoupées font penser à du Tarantino, ce qui n'est pas étonnant puisque Rodriguez et lui sont dans compères dans ce métier. Mais on n'a pas autant de parties entremêlées et l'histoire se suit sans aucun problème.

Pour qui aime les ambiances décalées et les comics, ce film est à voir absolument. Pour qui apprécie le ton des films de Rodriguez, ce film est à voir absolument. Pour les autres, ce film est à voir absolument, ne serait-ce que pour ne pas mourir idiot et se faire sa propre opinion.