Les Chroniques de l'Imaginaire

Connexion fatale - Eisler, Barry

Alex Treven est un jeune loup du barreau dont l’avenir plutôt morose semble enfin s’éclaircir. Il a déniché le client, celui qui va lui faire gagner beaucoup d’argent et qui lui permettra enfin de gravir les échelons dans le cabinet où il travaille depuis six ans. Le programme de cryptographie que Richard Hilzoy a inventé révolutionnera le technocosme de la Silicon Valley. De nombreux investisseurs se pressent déjà au portillon. Mais Alex aurait dû tirer des leçons de son passé : la Bonne Fortune est une maîtresse capricieuse qui nous glisse entre les doigts juste au moment on croit l’avoir domestiquée… La poule aux œufs d’or est brutalement assassinée le jour du rendez-vous décisif pour le financement du projet. Et les catastrophes s’enchaînent : le responsable des brevets meurt d’une crise cardiaque suspecte, un mystérieux individu s’introduit nuitamment chez Alex pour une petite visite qui n’a rien de courtois. Bref, l’aventure semble tourner au vinaigre. Cette fois, Alex ne s’en sortira pas seul. Contraint et forcé, il fait appel à Ben, son frère honnis, qui n’a pas donné de nouvelles depuis des années. Espion pour l’armée américaine, son aîné saura le sortir de cette situation dont il ne comprend pas les enjeux.

Barry Eisler nous a concoctés avec Connexion Fatale un de ces petits thrillers haletants dont il a le secret. On y découvre ses nouveaux personnages, Alex et Ben Treven, dans une trame toute en finesse, où le suspense cède par moment la place à une sensibilité bienvenue qui permet de pénétrer la mentalité et les préoccupations des protagonistes principaux. Les plongées en flashs-back dans les souvenirs de chacun d’entre eux et les affections ou animosités qui animent groupe phare rythment les péripéties de manière à nous laisser un peu de répit au niveau tension, tout en nous attachant encore plus les personnages. Plus sensibles à ce qui leur arrive nous plongeons corps et âme dans la fiction, et en ressortons pieds par dessus tête, stressés, interloqués, déstabilisés, mais ravis. Barry Eisler change de protagoniste, d'ambiance, et de contenu d'intrigue (le roman est plus axé sur les performances informatique et le droit que sur le contre-espionnage), certes, mais nous écrit encore, depuis son Japon d'adoption, des perles du genre qui le maintienne encore et toujours à la position enviée de maître du suspense.