Les Chroniques de l'Imaginaire

Un dernier verre avant la guerre - Lehane, Dennis

Patrick Kenzie et Angie Gennaro viennent de décrocher un nouveau contrat. Les sénateurs Mulkern et Paulson engagent les deux privés pour retrouver une femme de ménage noire, Jenna Angeline. Elle était employée par le parlement du Massachussets et a disparu depuis neuf jours en emportant une liasse de documents que les deux sénateurs veulent à tout prix retrouver.

La mission est simple, c'est business as usual pour les deux amis qui ont installé leurs bureaux dans le clocher d'une vieille église. Mais d'autres joueurs vont monter sur le terrain. Au premier soir, Kenzie se fait attaquer en rue, un simple avertissement. L'appartement d'Angeline a été retourné par un certain Roland qui terrifie la racaille du quartier. Et surtout, les documents embarqués par la femme de ménage pourraient mettre à mal la loi sur le terrorisme de rue, très limite et portée par Mulkern et Paulson.

Sur fond de guerres raciales et de gangs, le duo de détectives s'engage dans une voie qui risque de les briser. Ils foncent tête baissée en enfer mais ne le savent pas encore.

Un dernier verre avant la guerre est le premier roman de l'équipe Kenzie-Gennaro sorti de la plume acérée de Lehane. C'est noir comme à son habitude mais, au contraire de Mystic River, par exemple, j'ai trouvé qu'il demeurait une illusion d'espoir tout au long de l'enquête. Je vous laisse le plaisir de découvrir vous-mêmes si elle se concrétise...

Lehane ajoute, d'ailleurs, fréquemment une pointe d'humour ou une scène cocasse afin de décharger l'atmosphère envoûtante mais lourde. La relation et la complicité entre Kenzie, l'enfant battu par un père héros chez les pompiers, et Gennaro, femme battue par son mari, amènent souvent ses instants plus légers. Tout comme le troisième larron de la bande, le marchand d'armes facho, Bubba.

L'ambiance prend à merveille et c'est bien vite tout le poids des quartiers pauvres de Boston qui pèsera sur les épaules du lecteur. Personne ne veut être à la place des enquêteurs mais il est impossible de les lâcher en cours de route.

La description de la vie, de la société et du monde politique et leurs interactions avec les protagonistes du récit sont d'une précision sans faille. L'écriture est fluide, réaliste, fracassante. Ca tape dur, c'est efficace, rythmé, parsemé de rebondissements et les dialogues envoient du lourd. Somme toute, ce sont les ingrédients essentiels d'un polar noir bien corsé !

Le reproche principal que l'on pourrait (notez le conditionnel) faire est la surreprésentation du couple Kenzie-Gennaro au détriment le l'enquête qui passe, dès lors, au second plan. Dans mon cas, la question ne n'est pas posée longtemps, ces personnages étant tellement attachants et riches.

En conclusion, si vous aimez les romans noirs, Un dernier verre avant la guerre est une excellente introduction dans les aventures du tandem Kenzie-Gennaro de Lehane.