Un gigantesque incendie a complètement ravagé la forêt suisse de la région de Lausanne, causant une victime mondialement connue : Monsieur Mont-Blanc, l'un des sept robots les plus forts du monde et que chacun appréciait pour son travail sur l'écologie. En se réveillant, l'inspecteur Gesicht se souvient de sa difficile journée de la veille, où il a vu le corps de M. Mont-Blanc complètement détruit. Mais le travail l'appelle : un appartement de Düsseldorf a été entièrement ravagé, faisant une victime humaine : Bernard Lanke, un cadre du groupe de défense des lois sur les robots. Gesicht s'aperçoit vite que le mobile n'était pas le vol, mais bel et bien le meurtre, d'ailleurs, le tueur a planté directement sur le crâne des objets pouvant faire penser à des cornes. Or, si la police locale ne pouvait comprendre ce fait, ce n'est pas le cas de Gesicht car lui a déjà vu une mise en scène identique pas plus tard que la veille. En effet, la tête de M. Mont-Blanc portait elle aussi des objets en forme de longues cornes...
Une enquête policière menée par un inspecteur robot, Gesicht. Des robots réputés parmi les plus forts du monde qui se font massacrer. Un responsable qui décore ses victimes d'étranges cornes, et coupable d'infraction à l'article 13 des lois de la robotique : les robots ne peuvent blesser ni tuer des humains. Ajoutez une ambiance réaliste donnée à tout cela, plus en côté sombre très prononcé... voici la recette de la fusion entre une idée de base d'Osamu Tezuka, relatée dans Astro Boy, et un autre génie du manga, Naoki Urasawa. Et autant le dire tout de suite : ce manga est une véritable réussite tant toutes ces composantes sont réglées au micromètre. L'idée de cette fusion provient de Takashi Nagasaki, producteur de mangas, qui voulait fêter à sa manière la naissance d'Astro, le 7 avril 2003, pour un personnage créé cinquante ans plus tôt. Lenthousiasme pour cette histoire a vite fait de convaincre Urasawa et les descendants de la famille Tezuka...
Par rapport à l'histoire originale, on ne garde que quelques personnages, et la chronologie des événements. Par contre, on rajoute des dessins complètement nouveaux, d'un réalisme assumé par le mangaka, et l'intrigue principale quitte les épaules d'Astro, relégué au rang de simple personnage secondaire, pour aller sur celles de l'inspecteur Gesicht, lequel est décrit dans ses moindres détails, y compris sa famille.
D'ailleurs, très vite dans le récit, on s'aperçoit que l'auteur va rendre la distinction entre humains et robots bien difficile. Le fait que Gesicht soit un robot n'est découvert que tardivement dans le cadre du récit, il faut dire qu'à l'exemple d'Astro, l'inspecteur possède une apparence complètement humanoïde. Mais même les anciens modèles, purement robotiques, nous présentent des réactions très proches de celles des humains. Peut-être même plus humaines encore que ces derniers.
Quant à l'intrigue par elle-même, elle enchaîne vérités et contre-vérités. Une enquête sur huit volumes à la hauteur des séries phares de Naoki Urasawa que sont Monster et XXth Century Boy. Et il faut le dire, Pluto s'est avéré la meilleure sortie manga de l'année 2010, gagnant notamment le prix intergénération du festival d'Angoulême en 2011. À l'occasion des fêtes de Noël, Kana a édité une boite collector contenant l'intégrale de la série. Avec un peu de chance, il en reste encore un pour vous !