Arha, douze ans, jeune habitant du village Bire se presse pour arriver à lheure chez Maître Merrelf chez qui il suit un apprentissage de magicien. Même si il doute de plus en plus de ses capacités ou plutôt des réelles motivations du magicien puisque celui-ci se contente de l'astreindre à des corvées ménagères, il n'a pour autant aucune envie de finir transformé en grenouille comme lors de son précédent retard. Arrivé devant la porte du logis du magicien, il doit pourtant encore se plier au caprice de cette dernière qui ne souvre qu'à condition qu'il ait correctement énoncé le mot de passe.
Quand enfin il se présente devant son maître, il a quinze minutes de retard dont ce dernier, heureusement, ne lui tient pas rigueur. Il se contente de lui fournir la liste des tâches à effectuer avant de s'absenter. Arha est occupé à récurer les sols lorsqu'il aperçoit un parchemin dépassant du Placard interdit, celui qu'il n'a même pas le droit d'effleurer. Qu'à cela ne tienne, il s'en saisit, le déroule et découvre un sort de dissimulation. Faisant fi des avertissements de Merrelf, il prononce la formule... et se retrouve couvert d'herbe de la tête aux pieds, réplique à l'identique de l'endroit où il était allongé.
Lorsque son maitre le découvre version pelouse anglaise, il comprend ce que son apprenti a fait et décide de lui expliquer pourquoi il l'a choisi. En réalité, Arha n'a absolument aucun talent pour la magie. Il y est même totalement réfractaire. Et Merrelf a décidé de prouver au conseil qu'il est possible de former n'importe qui aux arts magiques. Même si c'est un sacré choc pour le jeune garçon de découvrir qu'il n'a aucune aptitude naturelle, il va enfin pouvoir commencer son apprentissage.
Premier roman de Philippe H. Besancenet, Le magicien et le golem est un récit d'héroic fantasy ou plutôt de fantasy pas héroïque comme l'auteur le souligne en introduction. On suit le parcours d'Arha, jeune apprenti magicien peu talentueux puisque logiquement réfractaire à la magie ce qui est un comble il faut bien ladmettre. En compagnie de deux amis, un apprenti écuyer (et non un moine comme le laisserait penser la couverture) et une jeune fille intrépide, il va vivre des aventures extraordinaires dont il ressortira grandi.
Si la trame de l'histoire est très classique, l'originalité réside dans les dizaines de clins d'oeil à des uvres très connues qui parsèment le récit. On sent très nettement les influences de l'auteur qui manie avec force les jeux de mots et les références au monde de l'imaginaire. Impossible de ne pas reconnaitre dans Shrak le géant, un certain ogre vert tout comme vous trouverez sans peine à quoi et à qui fait référence le Misarilion de L T T Loitenk. Quant au début de la formation d'Arha, où le ménage prend le pas sur le reste, il est aisé d'y voir le début d'un célèbre film sur le karaté.
J'avoue que ce sont justement ces multiples références, dont l'ouvrage fourmille littéralement, qui m'ont gênée. J'ai eu le sentiment qu'elles passaient avant le récit qui manque de punch et même de profondeur, voire parfois qu'elles dénotaient d'un manque d'imagination. Si j'ai adoré le prélude de l'auteur, les introductions de chapitre avec des petites phrases très drôles tirées du journal d'Arha, ainsi que les passages mettant en scène deux gardes, j'ai eu plus de difficulté à trouver un lien et une cohérence entre le tout, en dehors de l'envie très nette de rendre hommage à tout ce que l'auteur a aimé.
Quant à savoir à qui s'adresse ce roman, je suis assez perplexe. Si les jeunes lecteurs pourront suivre sans problème les péripéties d'Arha car le style et l'intrigue sont à leur portée, seul un public plus mature pourra apprécier les multiples allusions et le second degré. Je le classe néanmoins en jeunesse même si il faut garder la remarque précédente à lesprit.
Finalement un avis en demi-teinte pour un roman qui ressemble plus à un immense hommage parodique qu'à une uvre à part entière.