Les Chroniques de l'Imaginaire

Le sommet des dieux (Le sommet des dieux - 1) - Yumemakura, Baku & Taniguchi, Jiro

Makoto Fukamachi est photographe professionnel. Il suit fréquemment des équipes d'alpinistes japonais partis vaincre les hauts sommets himalayens. À chaque fois, le souvenir d'une ancienne expédition le hante... Mais en ce jour de juin 1993, dans une des boutiques d'attrape-nigaud de Katmandou, un très vieil appareil photo retient son attention. Un très vieux Kodak, sans doute des années 20. En négociant le prix, il parvient à l'acheter pour 150 dollars... car il a un drôle de pressentiment. D'ailleurs, celui-ci est confirmé par ses contacts au Japon : cet appareil serait bien du même modèle que George Mallory avait pris avec lui pendant son assaut sur l'Everest en 1924, la première tentative, qui s'est soldée par la mort du grand alpiniste.

Mais Fukamachi manque de prudence en retournant voir le vendeur pour avoir plus d'informations sur sa provenance. La nuit, quelqu'un s'est introduit dans sa chambre d'hôtel pour dérober l'appareil. Sans nul doute, le marchand véreux a senti que le vieil instrument valait sans doute bien plus que 150 dollars... et a voulu le récupérer pour le revendre encore plus cher. En cherchant la piste de celui qui a vendu l'appareil la première fois, le japonais découvre que cet appareil aurait été trouvé par un de ses compatriotes qui vit ici depuis ne nombreuses années, et qui se fait appeler Bikhalu Sanh, le serpent venimeux. Il fallait s'en douter, ce dernier a entendu parler de cette histoire dans Katmandou, et retrouve son voleur à lui. Les deux japonais s'expliquent donc... et Fukamachi se rend compte qu'il connait son interlocuteur, au moins de réputation. Il s'agit d'un alpiniste de renom, Habu Jôjo, dit Habu-San.

Adapté du roman éponyme de Baku Yumemakura, ce premier volume de Le sommet des dieux permet de retrouver l'essence même des mots de l'auteur, transcendés par le graphisme réaliste exceptionnel de Jiro Taniguchi, que le public européen connait bien à présent pour de nombreuses oeuvres comme par exemple Quartier Lointain. Il faut dire que les deux hommes ont le même goût de la simplicité, comme l'indique la préface de Muriel et Stéphane Barbery, ou les postfaces des auteurs. Loin de ne rester qu'à des récits d'escalades, Le sommet des dieux s'apparente à une longue enquête d'un homme simple, normal, qui essaye de comprendre quelqu'un qui, lui, est vraiment différent, tout entier tourné vers les montagnes.

Ce premier opus place les éléments, et débute le récit sur la jeunesse de Habu-San. Dans l'enquête, de nombreux personnages témoignent de leurs expériences parfois douloureuses avec lui. Où va aller l'histoire ? Pour cela, il faudra en lire la suite. Les plus chanceux d'entre vous trouveront peut-être encore les coffrets qu'ont édités Kana pour ce Noël 2011, avec l'intégrale en édition cartonnée. Je la recommande vivement ! Le sommet des dieux est un titre indispensable de toute mangathèque digne de ce nom.