Shogo Chikaishi est un adolescent perturbé, interné parce qu'il a commis des actes de cruauté envers les animaux. Son psychiatre choisit une méthode radicale, les électrochocs, pour calmer ses crises de violence. Lors de la première séance, il sombre dans l'inconscience et fait un rêve étrange. Il rencontre une déesse à qui il confie que sa haine n'est pas tournée vers les animaux, mais vers l'amour, et que tous les animaux qu'il a tué était des animaux "en couple". Pour le punir de sa cruauté, la déesse le condamne à vivre plusieurs vies de souffrance : il tombera amoureux de toujours la même femme, mais avant qu'ils puissent vivre leur amour, un des deux devra mourir...
Le célèbre Osamu Tezuka, créateur d'Astro, propose dans ce one-shot une réflexion sur l'amour. Son personnage central est plutôt antipathique, ce qui ne favorise pas l'identification de la part du lecteur. Shogo explique ses gestes de violence par son enfance difficile, sa mère le frappant dès qu'il la surprenait en train de faire l'amour avec l'un de ses nombreux amants. J'ai trouvé que l'explication ne se tenait que peu, ou en tout cas était bien bancale pour justifier les actes qu'il commet par la suite.
L'ambiance générale du manga est très sombre et se veut une réflexion sur l'importance de l'amour, mais le propos reste finalement assez creux et convenu, ne s'éloignant jamais des sentiers battus. Mais il faut probablement le replacer dans son contexte - sa parution remonte tout de même à une quarantaine d'années - pour pleinement apprécier le point de vue.
Du côté de l'esthétique, je n'ai pas été sensible au trait d'Osamu Tezuka, mais ses fans apprécieront probablement ce one-shot autant que ses autres oeuvres. On reconnait bien sa patte. Pour ma part, le passage où Shogo vit sur une île déserte entourée d'animaux doués d'intelligence est celui qui m'a le plus convaincue, tant au niveau du dessin que du propos.
Un ouvrage qui m'a laissée assez indifférente donc, mais dont la qualité ne se discute pas. Les amateurs de l'oeuvre d'Osamu Tezuka y trouveront probablement leur compte.