William Legrand est un homme issu d'une riche famille protestante de la Nouvelle-Orléans. Malheureusement pour lui, plusieurs revers l'ont conduit à perdre toute sa fortune, et à fuir en Caroline du Sud pour se faire oublier. Legrand vit maintenant dans une petite demeure en bois sans prétention, sur une île lugubre, près de la ville de Charleston. Il vit là avec un ancien esclave affranchi, du nom de Jupiter. Ce soir, Will et Jupiter sont excités suite à la découverte d'un magnifique spécimen de scarabée, semblant fait d'or.
Mais Will n'a pas ce spécimen sur lui, et doit le dessiner pour le montrer à son hôte. Outre la ressemblance du dessin avec une tête de mort, il est tout à fait étrange de voir que pour William, des antennes et des pattes sont représentées, extrêmités qui sont pourtant bien invisibles sur ce schéma de la bestiole... Alors, William Legrand s'énerve, se recroqueville sur lui-même, et n'est plus de bonne compagnie pour la soirée, perdu dans la contemplation de son dessin.
Quelques jours se passent, et Jupiter retourne chercher l'ami de William Legrand à Charleston. Legrand est comme hypnotisé par l'insecte, surtout depuis qu'il a apparemment été mordu par ce dernier. Toujours est-il que Legrand souhaite partir en promenade dans les environs, le tout avec un appât du gain évident : il semble que ce scarabée peut mener à un grand trésor. Encore faut-il pour cela faire confiance en Legrand, qui semble avoir découvert bien des choses sur un tout petit dessin...
C'est au tour d'une histoire d'Edgar Allan Poe d'être reprise dans la collection Ex-Libris de Delcourt. Je ne suis en général pas particulièrement amateur du plan graphique des albums de cette collection (même si je ne saurai en contester l'intérêt évident des ouvrages qu'on y trouve), à l'exception du magnifique Les enfants du Capitaine Grant, qui reprend l'histoire de Jules Verne du même nom. C'est donc avec bonheur que je découvre que les dessins seront ici de Paul Marcel, qui nous avait déjà gratifié du très beau tryptique Le Malvoulant, chez le même éditeur, avec toujours ce diable de Eric Corbeyran au scénario.
Effectivement, sur le plan graphique, rien n'est à redire : l'ambiance est tour à tour chaude, puis lugubre. Les détails sont de la partie, et sont toujours de bon alloi, servant à merveille l'adaptation imaginée par Corbeyran. On passe de la chaleur d'une maisonnette à la froideur de marécages, puis de sombres forêts aux arbres décharnés, pour le plus grand plaisir du lecteur ! C'est ainsi noir par moment, ce qui renforce évidemment le récit d'un des anciens maîtres du suspense.
Nous suivons ces trois hommes à la recherche d'un fabuleux trésor de pirates, et nous les suivons avec envie et curiosité dans la découverte des indices les uns derrière les autres, dans une logique implacable. La cadence est endiablée, et pas une seconde, il ne nous vient l'idée de lâcher ce livre. Le voyage est redoutablement efficace, et mené de main de maître au travers de ce one-shot. Un des meilleurs livres de cette collection, pas moins !