Sophie Endelys travaille à la cour d'appel de Normandie. Elle est également romancière. Dans ce livre, qui se présente comme un recueil de nouvelles ayant pour fil conducteur une soirée entre collègues magistrats, elle regroupe des anecdotes vécues ou rapportées sur le métier de juge.
On le savait déjà, mais la lecture de ce livre le confirme : la réalité dépasse la fiction. Cette poignée d'histoires, souvent très courtes, illustre bien ce principe. Maris jaloux, femmes trompées, alcoolisme, accidents de la route... Les anecdotes ne manquent pas, et la bêtise, la naïveté et la cruauté des protagonistes sont ici telles qu'un romancier hésiterait à doter ses personnages de telles caractéristiques. On n'y croirait tout simplement pas.
En ce qui concerne son contenu, ce livre est sans surprise. Si on n'en apprend pas plus sur les rouages du métier de juge, on cerne cependant mieux ce que peut être son quotidien à travers ces courtes anecdotes. Ce qui est le plus surprenant dans ce récit, c'est sa construction et son style. Des magistrats se réunissent pour dîner dans une brasserie, et le restaurateur les entreprend sur leur métier et sur l'image que les gens se font d'eux. Ils prennent tour à tour la parole pour raconter des anecdotes. J'ai trouvé cette manière de présenter les choses très agréables, donnant à Salle des pas perdus un air des Contes de la Bécasse de Maupassant (l'auteur en parle d'ailleurs dans l'avant-propos).
Le style colle bien avec ce fil conducteur. Elégant, doté d'une pointe d'humour, il rend la lecture fluide et agréable.
Voici donc un récit qui se lit rapidement et qui, sans être extrêmement convaincant d'un point de vue documentaire, plaira aux amateurs d'émission du type Faites entrer l'accusé ou Enquêtes criminelles, le côté sensationnel en moins. Salle des pas perdus tire en effet plus du côté de la chronique sociale, et c'est tant mieux.